Dans le cas d’une personne en phase terminale, il y a souvent consensus à la laisser aller en paix. Mais, trouver quelqu’un qui accepte, disons, d’arrêter la ventilation artificielle par exemple, est autrement plus compliqué. Peu ou prou, c’est ce qui se passe à présent dans le cas du groupement bancal qu’est l’Union Européenne.
Sous ce rapport, depuis la mise en œuvre de cette communauté, c’est l’Allemagne qui sort vainqueur financièrement grâce, notamment, à une balance commerciale fortement excédentaire avec les autres pays au sein de l’UE. En somme, elle a simplement détruit la compétitivité des pays latins qui ne peuvent plus se défendre en dévaluant une monnaie dont ils n’ont plus la maîtrise. Dans le même temps, l’Allemagne a interdit à elle-même, par la loi, de se solidariser avec les pays de l’UE en difficulté en leur prêtant son propre argent.
L’échafaudage sur lequel l’UE a été construit n’est peut-être pas solide mais il est astucieux. Pour rester concurrentiel face aux américains et chinois notamment, qui possèdent l’essentiel de ce dont ils ont besoin comme Matières Premières sur leur propre sol, les européens « se devaient » de garder à leurs pieds les richesses de l’Afrique, seule planche de salut qui leur restait pour se maintenir dans cette course. Depuis la dernière grande guerre les français ont servi, en Afrique, de vassal aux allemands pour défendre leurs « intérêts mutuels », dans l’exploitation de nos richesses agricoles en particulier. Cette coopération intime, sur laquelle nous connaissons un chapitre, aura constitué le socle sur lequel la dépendance africaine sur l’UE a été construite. Pour accentuer la dépendance des produits africains vis-à-vis du marché de l’UE, la stratégie machiavélique mise en place a consisté, entre autres, à produire une logorrhée de normes « strictement européennes » couvrant tout ce que produit l’Afrique. Le Bloc se réservant le droit de punir tout entité, ou pays, qui déroge aux normes en questions. Personne n’est dupe, mais les raisons qui font adhérer bon gré mal gré différents pays africains à ce diktat combinent des facteurs tels que, la corruption, le franc CFA, des officiels gouvernementaux acquis ou achetés à la cause de la Françeafrique, voir simplement une condition d’économie de rente dans laquelle la Métropole a confiné des élites africaines.
Oui, mais vu sous un autre angle, l’UE s’est en réalité arrogé le droit de mettre le commerce africain sous tutelle à son profit. Les européens ne sont pas bêtes à ce point de ne pas réaliser que leur jeu est simplement grotesque et qu’il ne peut pas durer. Il faut reconnaitre aussi qu’après des siècles d’esclavage, de pillage et de dilapidation de biens africains qui ne leur appartiennent pas, cela doit être très difficile pour eux de s’arrêter en chemin. Cette attitude relève d’une certaine forme de dépendance sévère, comme à une drogue, dont le sevrage est traité dans des hôpitaux psychiatriques. Car au bout du compte, il va leur falloir, les français avant tout, réapprendre à travailler selon leurs propres capacités et à gagner leur pain quotidien à la sueur de leur front. Malheureusement, les européens ne connaissent ces choses que dans les ouvrages du moyen âge.
Mais comme nous le savons tous à présent, les pays du monde entier sont intéressés de commercer avec l’Afrique. L’avantage du commerce est qu’il produit des résultats à court terme, ce qui intéresse au plus haut degré les sociétés européennes, françaises en premier lieu. Ils ne paraissent plus, et ne peuvent plus aussi, très intéressés par de gros investissements structurants qui produisent des effets après des dizaines d’années et qui visent à rehausser la qualité du service africain ce que les empires coloniaux ont toujours voulu éviter. Mais les pays qui prennent le risque d’investir dans des infrastructures coûteuses sont aussi intéressés de faire du commerce à court terme. Mais que faire quand ceux qui tiennent la place s’arcboutent sur leurs privilèges. Les chinois d’abord, mais les américains aussi, sont perplexes. En somme, les européens font des appels du pied, genre, par exemple, coopération triangulaire France-Chine-Afrique que la Chine a déjà refusée, probablement pour y avoir vu sorte de guet-apens. Pour l’Amérique, c’est différent. Jusqu’à présent, ils se sont reposés sur l’Europe, l’Allemagne principalement, pour commercialiser leurs produits industriels en Afrique. Les représentants sur le terrain sont des français compte tenu de leur « connaissance du terrain ». Il est possible que les européens, ceux cités en tout cas, s’attendent à ce que l’Amérique leur offre de redéfinir leur coopération triangulaire sur l’Afrique, construite depuis la guerre froide et qui s’essouffle à présent. Mais le Président Trump a déjà largement décliné sa manière de raisonner. Ce qu’il peut faire par lui-même, il n’est pas prêt à verser un penny pour le faire faire par quelqu’un d’autre.
En réalité, l’Europe pose un problème aux américains depuis des dizaines d’années dans le sens où nos voisins du nord veulent qu’on leur donne de l’importance individuellement, en les consultant l’un après l’autre et, en même temps, donner de l’importance à leur instrument hégémonique, quoique branlant, qui est l’UE. En somme, c’est la quadrature du cercle à laquelle les américains se « sont adaptés » avant l’avènement de Monsieur Donald Trump. Il ne se passait pas une semaine sans que des officiels d’un ou plusieurs pays fassent le déplacement de Washington suivi, ou bien en même temps, par des visites « officielles » de responsables de l’UE. Leur présence outre atlantique leur offrait une caisse de résonnance internationale avec, implicitement, la bénédiction de Washington. Ils suffisaient pour eux, ce en quoi ils excellent, de faire valoir ce « privilège » à l’échelle internationale. Dommage que le Président Trump les ait rendus orphelins de cet avantage. Alors, nous n’entendons plus les voix « européennes » qui crevaient les écrans auparavant de manière récurrente. Dans ce registre il y a l’absence (apparitions très occasionnelles) notée de la sympathique Federica Mogherini au titre pompeux de « Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité ». Mais elle n’est pas à plaindre étant grassement payée en Euro, laquelle monnaie, contrairement au reste du monde, est la plus utilisée chez nous en Afrique et dont les bénéfices vont justement au Groupement UE au titre d’économie de rente sur tout un continent.
A présent, les américains se sont, à leur tour, arcboutés sur la primauté de la science dans la redéfinition éventuelle des normes d’usage, comprenant le secteur agricole, entre eux et les européens. Ces derniers ont recours à des contorsions de langage pour ne pas aborder la discussion des normes avec les américains. En soi c’est un aveu de faiblesse dont les américains sont bien conscients. L’adage chez nous dit que celui qui a juste encore un jour à vivre peut être considéré comme mort. Allez savoir, peut être que le président Trump applique juste cette maxime dans l’attente de la chute de l’empire européen.