Une des critiques récurrente faite aux Etats Unis, reprise Mercredi passé dans les colonnes du « China Daily », sous la plume d’un expert des finances internationales Dan Steinbock, est que « Contrairement à tout autre pays, les États-Unis peuvent imprimer de l’argent à un coût négligeable et l’utiliser pour acheter des biens et des services dans le monde entier ». Ce type d’analyses, évoqué de temps à autre depuis la création à Bruxelles en 1973 du SWIFT (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication), est supposément une des raisons à l’origine du lancement, après la chute du mur de Berlin et l’effritement du Bloc soviétique, de la monnaie partagée, l’Euro, par l’Europe continentale.
Au jour d’aujourd’hui, l’ambition de l’UE (ci-après le Conglomérat) d’un Euro qui déplacerait le Dollar a fondu comme neige au soleil.
Au contraire de l’Europe continentale, la Chine, qui est dans une phase ascendante de sa puissance économique et industrielle, ne semble pas craindre une compétition avec les USA ; Mais l’Empire du Milieu ne parait pas nourrir une prétention immédiate de remplacer le Dollar par leur monnaie, le Renminbi.
Il est utile de rappeler ici que, depuis la nuit des temps, avant, pendant et après l’Empire Romain, le Leadership, d’une personne ou d’un Etat, était gratifié par des avantages en signe de reconnaissance et de gratitude en regard des accomplissements du Leader. Sous ce rapport, la France serait restée sous occupation allemande pour longtemps, peut-être à ce jour, sans l’intervention américaine en 1944. Aussi, l’ancienne République Fédérale Allemande (RFA), aurait probablement eu beaucoup de peine à voir le jour, au lendemain de la deuxième Grande Guerre, sans les aides et assistances généreuses et massives des américains. En lieu et place, il y aurait possiblement eu un pays communiste, à l’exemple de l’ex-RDA (République Démocratique Allemande), qui aurait eu une destinée à l’opposé de ce qui caractérise la prospérité germanique actuelle.
Les allemands le savent et, de fait, ils ont été très reconnaissants aux américains qui ont contribué à faire de l’Allemagne d’après-guerre le monstre sacré de l’export des machines-outils dans le monde entier. Et le Leadership américain sur les plans militaire et économique sur les pays de l’économie libérale était largement accepté par les européens depuis la deuxième guerre mondiale. Il s’est même renforcé avec l’adhésion formelle de pays occidentaux à la création du SWIFT qui a au départ propulsé le Dollar au premier rang des transactions financières internationales.
Aujourd’hui, l’Allemagne, en intelligence avec la France et autres, affichent ostensiblement leur volonté de prendre leur distance avec leur mentor traditionnel américain. Plusieurs interprétations sont possibles pour expliquer ce retournement de situation inédit dans les relations transatlantiques et qui nous impactera également en Afrique.
Parmi les hypothèses, il y en a une qui emporte davantage notre adhésion.
A mesure de la perte de leurs anciennes colonies, les pays du Conglomérat UE, habitués pendant des siècles à récolter sans gêne le fruit de travail des autres, mais qui manquent cruellement de Matières Premières sur leur espace réduit, ont pris de plus en plus conscience d’être globalement sur le déclin et constaté qu’ils perdaient progressivement pied dans la course à la compétition internationale tous azimuts. Il n y a qu’à penser à leur retard avéré sur la « 5G », la voiture électrique, les technologies de l’information, l’Intelligence artificielle, la course à l’espace, la gestion des pandémies et j’en passe. Et, effectivement, la généralisation des outils informatiques, dont l’Internet, qui a mis la disponibilité de l’information au bout d’un Clic, a contribué à révéler au grand jour les ficelles des pratiques d’optimisations commerciales et industrielles du Conglomérat UE sur le dos d’opérateurs asiatiques et américains. Nombre d’organismes UE dérivent de la pratique du « Copier/coller » sur des organismes américains. Par exemple, la création de l’EFSA (European Food Safety Authority) a été faite sur la base d’informations et d’expertise largement fournies par l’USFDA (United States Food & Drug Administration). Aussi, l’ECDC (European Centre for Disease Prevention and Control) est directement inspiré du CDC (Centers for Disease Control and Prevention) américain.
Sur le plan commercial, les exemples de produits et/ou articles fabriqués dans des pays asiatiques, Chine en particulier, reconditionnés ensuite et étiquetés comme d’origine européenne avant d’être expédiés pour distribution en Afrique sont nombreux (nos archives).
En privilégiant le recours à ce type de pratiques spéculatives qui génèrent des gains faciles et rapides, le Conglomérat UE est devenu, en somme, une grande plaque tournante d’optimisations commerciales (mercantilisme).
Il est donc permis de penser qu’au-delà des recommandations imposées par la pandémie de Covid-19, les restrictions sévères, imposées actuellement en parallèle par les USA et la Chine à la venue d’européens continentaux chez eux, sont peut être également motivées par le souci de freiner l’enthousiasme effréné du Conglomérat UE pour le « copier/coller » du travail des autres.
Ces restrictions évoquées, parmi d’autres, qui viseraient à réduire drastiquement les opportunités du Conglomérat UE de détourner les résultats des autres pour les revendiquer comme les leurs, devant les africains et ailleurs, ont probablement été largement suffisantes pour pousser l’Allemagne et consorts à vouloir se détourner du Leadership américain.
Comme conséquence, les faiblesses commerciales et industrielles européennes sont très rapidement remontées en surface au point que les dirigeants des différents pays UE sont devenus très volubiles sur les efforts industriels et commerciaux à faire par les « pays du vieux continent » pour retrouver leurs souverainetés sur nombre de secteurs d’activités industrielles et de services. Ces « souverainetés » semblent effectivement avoir été sérieusement endommagées sur de nombreux plans par les compétiteurs internationaux.
En fait, si les américains ont été les premiers à prendre conscience du plagiat généralisé des pays UE à l’égard du savoir-faire US et, depuis des années déjà, se sont efforcés de limiter les tentatives du « Copier/Coller » en réduisant les contacts des officiels US avec leurs homologues européens ; les chinois semblent à présent suivre cette tendance.
Et, de manière concomitante, les africains apprennent en écarquillant les yeux que, en contradiction des prétentions soutenues par les européens, qui qualifient le « vieux continent » comme le centre de l’Innovation universelle, les pays de l’UE sont en définitive autonomes sur peu de choses à part l’impression de l’Euro.
Le corollaire de ce constat est que le Conglomérat UE, dont les échanges sont déficitaires partout ailleurs sauf avec nos pays africains, a plus que jamais besoin de s’accrocher à ses échanges asymétriques avec notre continent, imposés chez-nous jadis par la force depuis l’ère coloniale.
Et la voie incontournable pour continuer ces échanges, certainement après leur rééquilibrage, est par route à travers le Maroc.
Tout laisse penser que le Royaume, appelé à devenir le Hub de toutes les convoitises, en est bien conscient et a décidé d’accélérer la réalisation d’une voie express reliant Agadir à la frontière mauritanienne sur plus de 1500 Km.
Mais que l’UE le veuille ou non, elle doit dorénavant faire avec une compétition planétaire pour le privilège de faire des affaires avec l’Afrique et, dans le même temps, avec la prise de conscience de notre continent qu’il en a assez de jouer le rôle de vache à lait pour les européens qui doivent payer à partir de maintenant le juste prix pour s’assurer notre coopération.
Sur le même sujet des échanges asymétriques, et pour mettre fin à cette habitude de venir chez-nous avec des normes sanitaires faites sur mesure pour servir les buts du Conglomérat UE aux dépens de nos propres intérêts, le Maroc semble privilégier dorénavant la collaboration avec le PNUD (Programme des Nations unies pour le développement) pour mettre en œuvre de nouvelles normes plus objectives, que les partenaires du nord de la rive méditerranéenne devront observer à l’avenir sous peine de poursuites devant la loi.
Le Royaume devrait continuer sur cet élan qui ne manquera pas de mettre du baume au cœur d’autres pays frères et amis africains pour qu’ils prennent leurs précautions à leur tour et exiger des échanges équilibrés à l’avenir dans leur coopération avec les autres pays à l’international.