L’amateurisme au sommet de l’ONSSA

Fin de ce mois de Novembre a eu lieu du 22 au 26 la première édition des JIED (Journées Internationales d’Etudes de Dakhla) sous le thème : « La Sécurité Sanitaire des produits Alimentaires au Service de la Coopération Sud-Sud ». Des invités européens et américains ont, avec leurs collègues maghrébins, participé à cet événement qui a connu une présence remarquée de nombreux experts africains représentants leurs différents pays dont nous citons la Mauritanie, le Sénégal, le Cameroun, le Burkina-Faso, le Bénin, le Niger et j’en passe. Ces journées ont été clôturées par la déclaration de Dakhla qui remercie chaleureusement les organisateurs marocains et salue le rôle de leader du Royaume du Maroc pour développer une coopération Sud-Sud qui profite d’abord et avant tout aux populations du Continent Africain. Les recommandations demandent également la poursuite des efforts en vue de faire émerger une expertise africano-africaine basée sur les normes des organismes de référence, le Codex Alimentarius notamment, qui réglementent le commerce international pour le secteur. Les experts africains demandent également à leur association, l’AEFS (African Experts of Food Safety) de mutualiser ses efforts avec l’ASDI (Association Saharienne du Développement durable et de la promotion de l’Investissement) et initier les démarches requises pour aller vers une reconnaissance réciproque de l’expertise africaine avec les autres continents à l’instar de ce qui a été instauré en Europe sur la base du « Principe du cassis de Dijon ».

La manifestation aurait été une parfaite réussite si l’ONSSA (Office National de Sécurité Sanitaire des produits Alimentaires) n’avait, inopportunément, choisi volontairement de boycotter l’événement hormis un passage furtif et fugace le premier jour d’un chef de service local. Les experts africains hôtes, responsables dans leurs pays respectifs des organismes de tutelles de la chaine alimentaire, ont vite fait de remarquer cette absence et, pour certains, ont été abasourdis d’apprendre que le Directeur Général de l’ONSSA, qui a été invité dans les formes requises par l’AEFS,

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et qui avait promis au téléphone de nous honorer de sa présence, ait décidé de snober l’ensemble de nos invités de marque dans un événement qui constitue le corps du travail de l’ONSSA. Non seulement il n’est pas apparu à cet événement majeur qui vise à consolider la place de Dakhla comme Hub marocain pour la coopération Sud-Sud, selon les orientations de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, mais de toute évidence, Monsieur Bentouhami a également décommandé à son Staff d’assister aux JIED.

Au sommet de l’Etat, l’appel est fait pour que chaque responsable marocain qui se respecte s’implique dans la politique du Royaume d’aller vers davantage de coopération Sud-Sud. Nos voisins subsahariens faisant principalement commerce de produits agroalimentaires, il est naturel que le Maroc prête une attention particulière à la coopération sur ce secteur dans laquelle les organismes concernés, au premier rang desquels il y a l’ONSSA, doivent répondre présents. Mais est ce que Monsieur Bentouhami est conscient de la portée de l’enjeu de la sécurité sanitaire des produits alimentaires dans la politique de notre pays pour servir d’exemples à nos voisins du Sud ? Il est malheureusement permis d’en douter. J’en veux comme preuve l’exemple suivant (de nos archives) du travail d’amateur de Monsieur Bentouhami :

Il y a un peu plus d’une année, une société de la place de Casablanca demande mon avis d’expert sur le refoulement (qui lui parait injustifié) de l’un de ses produits (colorant carmin de cochenille), importé d’Amérique Latine. scan-bloquage-cochenille-onssa

Après examen du dossier, il m’est clairement apparu qu’il s’agissait d’une décision arbitraire et abusive. Je rédige alors une note à l’adresse de Monsieur Bentouhami qui lui est remise en main propre avec décharge.scan-note-onssa-sur-cochenille

Quelques jours (ouvrables) après, les services ONSSA du port de Casablanca appellent au téléphone le transitaire de la société et lui demandent de venir récupérer la marchandise devenue tout d’un coup acceptable.

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Mais vous savez ce qu’on dit : le ridicule ne tue pas. Car à y regarder de plus près, le premier document de refus et le deuxième d’acceptation sont superposables en ce sens qu’ils sont signés par les mêmes personnes, à des jours d’intervalle, une fois pour le refoulement et une deuxième fois pour l’acceptation sans aucune explication ni écrite ni orale. On peut imaginer l’inverse, des produits alimentaires qui entrent au Maroc sur des bases tout aussi arbitraires. Si ce n’est pas le comble de l’amateurisme, cela y ressemble beaucoup. Alors quelle est la crédibilité de l’organisme ONSSA dans tout cela sous la direction de Monsieur Bentouhami. Sous d’autres cieux, le Dirigeant d’un organisme pareil aurait donné sa démission pour moins que cela et les « ingénieurs » signataires des documents auraient été passés en conseil de discipline et révoqués pour ne pas être à la hauteur de la tâche qui leur est définie. Mais si Monsieur Bentouhami n’en a rien fait c’est, selon moi, parce que tout cela lui passe au-dessus, un peu comme pour le boycott des JIED.