La déclaration du Président Trump de Vendredi passé, mentionnant la supériorité des vins californiens sur les vins français, fera certainement date. Jusqu’à présent, les américains se sont contentés de défendre leurs produits agroalimentaires, dont le vin fait partie, face aux coups de boutoir répétés de l’UE Agricole (synonyme de France Agricole). Avant, le but était pour les USA d’affirmer, en somme, que leurs produits, préparés en conformité des principes de Sécurité Sanitaire les plus rigoureux, comme reconnu par l’OMC, étaient tout aussi bons que les produits de la France Agricole. Mais il semble que cette manière de communiquer ait été hautement snobée par les responsables européens concernés. Alors, selon l’adage « la meilleure défense c’est l’attaque », le Président américain vient, cette fois, de monter la pression sur l’agroalimentaire français en ridiculisant le vin, le plus emblématique des produits français à l’export. Les français sont furieux. Ils écoulent en effet des dizaines de millions de bouteilles de vin et de spiritueux annuellement sur le marché américain et autant, sinon plus, ailleurs dans le monde. De leur côté, les britanniques, qui apprécient le vin mais ne cultivent pas la vigne sur leur île, devraient recevoir le commentaire du Président Trump comme un clin d’œil qu’ils n’en manqueront pas après le Brexit. Mais, pour ceux qui ont vu le film culte français du milieu des années soixante-dix L’Aile ou la Cuisse, la déclaration du Président américain doit faire « se retourner dans sa tombe » l’acteur légendaire, le défunt Louis de Funès.
Toujours sur le chapitre de « qui fait mieux que l’autre », les allemands, soutenus par le grand nombre d’américains résidents dans la République Fédérale d’Allemagne en ces temps-là, ont consolidé, sur des décennies, le mythe du « Made in Germany » à l’export autour de leurs machines-outils, les voitures en premier lieu. Les USA doivent probablement considérer qu’ils ont contribué à la diffusion mondiale de la crédibilité du « Made in Germany » de l’après-guerre mais qu’ils ont été mal payés de retour (voir plus bas). Pas plus tard qu’Hier, jeudi, l’ambassadeur américain à Berlin, Richard Grenell, n’a pas pris de gants pour rappeler ce fait aux allemands. La France, de son côté, avec l’aide des pays anglo-saxons qui y viennent pour passer du bon temps depuis toujours, a construit un mythe équivalent autour de ses produits de terroir dont le vin occupe une place privilégiée. Ayant mis ce « socle » en place, les français ont pris soin de construire dessus avec ruse et adresse toutes sortes de mérites qu’ils attribuent eux-mêmes à leurs produits agroalimentaires, le vin entre tous, qu’ils ont propagés partout sur la planète et que le film évoqué plus haut résume de façon subtile. De nombreuses normes et expertises organoleptiques françaises de toutes sortes, plus ou moins ésotériques, sont avancées pour soutenir ces efforts de marketing. Ceci n’enlève bien sûr rien à la contribution de la France à la gastronomie universelle (voir sous : http://alkhabir.org/fr/legs-utile-de-france-maroc/). Nous devons néanmoins nous rappeler que l’Italie (Rome) a précédé la France dans l’art de la vinification et reste à ce jour le premier producteur et le premier exportateur de vin et compte de très grands crus appréciés dans le monde entier.
L’approche de l’Allemagne pour promouvoir le « Made in Germany » pour leurs produits industriels aura été comparable à celle des français pour leur vin.
Mais ces efforts ont été nourris durant la période que les français appellent les trente glorieuses (années cinquante, soixante et soixante-dix) du siècle passé, qui ont constitué aussi des années de forte tension des USA avec les soviétiques. En ce temps-là, l’Europe en général, la France et l’Allemagne en particulier, bénéficiaient de bien des égards de la part de l’Amérique intéressée de se faire aider dans sa lutte contre les pays communistes pendant la guerre froide. L’art, la gastronomie, la culture, le théâtre, la musique et les films français, entre autres, se développaient à profusion mondialement et faisaient la une des médias aux côtés d’événements internationaux tels les livres de l’opposant au régime soviétique Aleksandr Solzhenitsyn et autres. Ce temps est toutefois révolu depuis une éternité à présent et le monde a beaucoup changé depuis. Au risque d’une « guerre militaire » appréhendée pendant la guerre froide a succédé une vraie « guerre commerciale » et, dans cette nouvelle lutte, l’UE apparait être un adversaire des USA peut être plus coriace encore que la Chine. Sous ce rapport, toutes les observations montrent aujourd’hui que les américains ont bien pris conscience du Défi que l’UE pose sur leur Business à l’international. En conséquence, tout laisse penser que l’Amérique travaille assidûment pour démystifier l’un après l’autre les piliers plus ou moins sophistiqués, mais bancals, sur lesquels l’Europe continentale a choisi de reprojeter sa puissance repensée dans le monde, prioritairement sur notre continent africain. Par exemple, l’Euro à son lancement devait, selon ses géniteurs, supplanter le Dollar (voir ci-après: la guerre des matières premières) comme première monnaie d’échange à l’international. L’endiguement présumé de l’Uncle Sam de cette ambition, supposément conçue par Feus Helmut Kohl et François Mitterrand, a fait que, vingt ans après son introduction, les échanges effectués en Euro représentent moins de 10 pour cent et sont concentrés d’abord dans le commerce Afrique/ UE. Dans cet esprit, les frictions US/UE des trente dernières années ont failli pousser l’Allemagne, en tant que figure de proue de la puissance de l’Europe commerciale, dans les bras de la Chine en signe de défiance probable à l’Amérique. L’Allemagne a même amorcé, il y a quelques années, un rapprochement en fanfare avec l’Empire du milieu. Il est possible que ces gesticulations aient irrité au plus haut point la partie américaine et a peut-être un lien avec la découverte subséquente, sur sol américain, du pot aux roses afférent au « Dieselgate ». Le scandale des moteurs trafiqués dont il s’agit a ensuite été élargi à des véhicules d’autres marques allemandes. Comme conséquence, la rigueur du « Made in Germany » est à présent sérieusement écornée et commence à affecter négativement le Mythe de l’efficience des prestations germaniques qui faisaient jusqu’à présent une unanimité consensuelle à l’échelle mondiale. Il n’est pas exclu non plus que la récession aux portes de laquelle se trouve l’Allemagne actuellement soit juste le signe avant-coureur de nombre d’autres déboires que l’Uncle Sam lui mijoterait pour la suite. Sur ce registre, le Président Trump s’est dit prêt à décider sur l’application de taxes supplémentaires sur les voitures et pièces de rechanges importés de l’Allemagne avant la fin de cette année déjà.
Voyant les marchés traditionnels, en premier lieu celui des USA, lui glisser entre les mains l’un après l’autre, l’UE s’est alors engagée dans une course frénétique pour la signature d’accords de libre-échanges un peu partout dans le monde. Mais, considérant tout ce grabuge transatlantique, il circule à présent dans les cercles de l’UE agricole des histoires sur le mode de la théorie des complots. Par exemple, l’accord de libre-échange avec le Canada, le CETA (Accord économique et commercial global), ne serait qu’un Cheval de Troie mis au point par les américains pour inonder de leurs produits agroalimentaires le marché de l’UE. Et l’accord de libre-échange avec le Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay et Uruguay) serait pire encore parce qu’il s’y ajoutera des produits non conformes pour la consommation de l’homme européen. Sur le même ton, alors que l’UE se dit prête à travailler sérieusement (sic !) avec la Zleca (Zone de libre-échange continentale africaine) à l’avenir, nous ne savons pas en ce moment même quel est (éventuellement) le risque posé sur l’homme européen qu’on lui collera.
En réalité, la balance commerciale de la France Agricole est excédentaire actuellement avec l’Afrique seulement. Multiplier les accords de libre-échange ne produira pas de miracles sur ce plan. Alors, il est peut-être grand temps pour que le Bloc UE réalise qu’en dehors de toute autre considération, la PAC (Politique Agricole Commune) a développé chez l’UE Agricole une addiction maladive à l’argent facile et, dans le même temps, une baisse de rentabilité et un oubli dommageable des principes de concurrence qui sous-tendent le travail à l’international. C’est pourtant un illustre personnage français et grand poète, Monsieur Jean de la Fontaine, qui, dans son poème « Le Laboureur et ses Enfants », instruisait ses concitoyens « Que le travail est un trésor ». Peut-être que ce serait utile pour la France Agricole de revenir se ressourcer chez ce grand sage.