Le Covid-19 rebat les cartes des pratiques commerciales

Dans le passé, des guerres très dures, meurtrières et très longues parfois, ont été faites aux noms de religions. Les guerriers ennemis en ces temps-là n’avaient pas peur de mourir car, les uns comme les autres, étaient persuadés qu’ensuite des places les attendaient au paradis.

Il semble que cela ne soit plus tellement le cas aujourd’hui car les religions n’exercent plus le même attrait sur la jeunesse. Les jeunes à présent tiennent davantage à la protection de leurs vies et ils ont des possibilités infinies de divertissement qui peuvent leur rendre la vie agréable. Ensuite, du fait qu’élever même un seul enfant à l’heure actuelle consomme beaucoup de temps, d’énergie et d’argent, les parents n’acceptent plus l’idée de perdre bêtement leur enfants dans un conflit armé.

En résumé, quelle que puisse être la cause ou le slogan de promotion d’une vie de soldat aujourd’hui, une  carrière militaire intéresse de moins en moins le jeune public.

Ceci étant, il y a lieu de rappeler que la guerre a eu parfois des vertus en mettant fin à des régimes barbares comme ce fut le cas pour le nazisme par exemple. Car l’être humain s’adapte, et des intérêts se créent, y compris sous les régimes barbares. Alors, pour provoquer un changement de progrès, la guerre a pu apparaitre, en tenant compte des sacrifices consentis, comme une solution qui apportait un bénéfice dans ce type de situation. Dans les faits, l’adversaire en passe d’être vaincu (nazisme ou autre) devait choisir entre déposer les armes et faire des compromis pour préserver ce qui restait de son pays ou bien risquer de perdre la vie. Dans ces circonstances, le choix est généralement vite fait en faveur de continuer de vivre. Et dans ce but, l’individu comme le pays vaincu peuvent faire de grandes concessions pour laisser place au  changement nécessaire.

Dans le même esprit, considérant que des organismes internationaux sont en arrêt d’activité de nos jours, ou  empêchés de le faire, ou bien devenus tout simplement caducs — comme l’OMC (Voir ici ) ou bien le Codex Alimentarius dont les règles sont fréquemment ignorées par des pays de l’UE et d’autres, ou bien encore certains Forums comme le « G7 » qui continue d’exister sans qu’un but précis puisse  le distinguer clairement etc. —, le monde de l’après-Grande Guerre n’aura jamais eu autant besoin de changement pour redémarrer sur des bases nouvellement définies. Peut-être que le Covid-19 (peu importe son origine) dont la présence est sentie par tout un chacun en ce moment, et avec lequel la population mondiale doit composer à partir de maintenant, peut constituer un facteur déclenchant de ce changement devenu impératif mais qui tarde à se concrétiser.

Dans ce cadre, et toute proportion gardée, le confinement imposé par le « Coronavirus », chez nous au Maroc, ailleurs en Afrique et dans le monde, semble être largement accepté avec l’espoir, en particulier, de sortir indemne de la pandémie pour reprendre une vie normale. A ce sujet, deux grands types de débats animent les médias pour le moment. Schématiquement, Le premier est d’ordre sanitaire (académique) et s’attache à comprendre comment le virus (SARS-CoV-2 ; Severe Acute Respiratory Syndrome Coronavirus 2) est apparu, s’est propagé ainsi que le risque qu’il fait courir sur différentes catégories d’individus. Les gens veulent également comprendre le degré d’efficacité des mesures prises par un Etat ou un autre pour se prémunir du danger et autres éléments sur le même objet. Sur ce chapitre, les médias nous bombardent quotidiennement de chiffres, de données et d’innombrables images circulent. Mais le recul manque en cet instant pour analyser tout cela et distinguer dans cette profusion d’informations ce qui est pertinent de ce qu’il ne l’est pas. Il semble donc que les informations médiatisées sur le volet sanitaire de la pandémie doivent être reçues — en attendant l’établissement réglementaire des protocoles mis en œuvre  qui sous-tendent les opérations qui génèrent ces données — comme étant des éléments provisoires qui doivent d’abord être laissés décanter avant une analyse correcte pour une quelconque conclusion à leur sujet.

Cela prendra sûrement un peu de temps, des mois voire des années, avant qu’un recul suffisant puisse permettre de conclure si le virus actuel aura été plus ou moins virulent (en termes de décès, de souffrance et autres aléas) que d’autres coronavirus avant lui, voire même par rapport à un virus de la grippe saisonnière.

Le deuxième type de débat a trait à l’impact de la pandémie sur différents secteurs (économique, industriel, logistique, loisirs etc.) qui entretiennent la vie active d’un pays. Nombreux parmi les problèmes qui se posent chaque jour nécessitent des mesures immédiates pour, par exemple, répondre aux besoins d’approvisionnement en nourriture, produits d’hygiène, médicaments et autres nécessités de la vie en société qui ne peuvent pas attendre. Sur ce plan, la pandémie semble avoir un impact comparable à celui d’anciens conflits armés. Ainsi, de nombreux européens, durement touchés par ce deuxième volet de la pandémie, comparent ce qui leur arrive à présent aux pénuries vécues (consignées) pendant la deuxième guerre mondiale. Ils font référence, en particulier, au rationnement de la nourriture qui leur était distribuée au compte-gouttes. A préciser que, contrairement à une large perception erronée, nombre de pays européens sont loin d’être autosuffisants, comme nous le sommes au Maroc par exemple, en légumes et fruits frais qu’ils doivent impérativement importer pour garantir une alimentation équilibrée à leurs citoyens. Peut-être que cette prise de conscience européenne contribuera à faire réfléchir les « citoyens UE » pour revoir leur échelle des valeurs. Car ayant été habitués à une abondance de nourriture bon marché depuis des dizaines d’années grâce au système de la PAC (Politique Agricole Commune) —  des aides intra-européennes de surproduction qui se sont révélées nuisibles pour nous autres africains  —,  ils ne se sont peut-être jamais posé la question de l’origine, de l’abondance ou bien de la modicité du prix de cette nourriture.

Autrement dit, personne ne les informe des contributions, plus ou moins forcées, de nos pays africains et autres, dans ce miracle de la vie de château que les européens mènent depuis longtemps à nos dépens.

Dans l’immédiat, et en attendant des répercussions que le Covid-19 ne manquera pas, selon notre opinion, d’imposer pour la refonte, entre autres, de certaines règles et/ou circuits du commerce international, les discussions vont bon train un peu partout dans le monde pour comprendre comment tout cela est arrivé. Ces discussions semblent être les plus animées au niveau des pays de l’UE. Et parmi les raisons des tensions en cours qui sous-tendent les échanges animés entre pays  européens vient le fait que peu de gens, y compris parmi les européens eux-mêmes, étaient en position de soupçonner l’état ahurissant de la non préparation de l’UE face à ce type de catastrophe. En effet, les pays européens qui ne cessent depuis des années de dénigrer la qualité des produits « made in China » pour décourager les africains de faire commerce avec ce pays, se retrouvent obligés de se renier et de se bousculer aux portes de la Chine, en compétition avec d’autres pays qui ont, pour ce qui est des USA, plus de « cash » pour l’achat d’articles sanitaires chinois (masques, kits de tests, respirateurs artificiels et autres) pour lutter contre le Covid-19.

A noter qu’en cette période, les chinois et autres pays asiatiques aident  concrètement (par du matériel) nos pays africains, qui les en remercient, à faire face au Covid-19 pendant que certains européens nous prodiguent des conseils gratuits et suggèrent de garantir nos demandes de prêts qui découleraient de la pandémie.

Par ailleurs, les répercussions extrêmement négatives de la pandémie sur la plupart des secteurs d’activité de l’UE a fini par stresser l’ensemble des européens en dressant les pays latins, davantage fragilisés par le Covid-19, aux pays d’obédience germanique également touchés mais ayant les reins relativement plus solides sur le plan financier. L’Italie et consorts (Espagne, France, Portugal, Grèce et autres) tiennent à ce que l’Allemagne et ses alliés dans ce bras de fer (Hollande, Autriche, Danemark, Finlande et autres) montrent plus de solidarité vis-à-vis des pays latins, c’est-à-dire acceptent le principe de contribuer financièrement au profit des pays européens du sud mais à fonds perdu comme le ferait, par exemple, l’Etat fédéral américain (auquel l’UE se plait à vouloir se comparer) au profit de ses propres Etats qui en auraient le plus besoin. Il est vrai que, dans la mémoire collective de ces pays du sud des alpes, ils se souviennent que sous l’impulsion des américains qui les ont libérés il y a 75 ans —  contrairement à ce qui s’est passé lors du traité de Versailles à la fin de la première guerre mondiale où l’Allemagne fut astreinte à de lourdes réparations économiques —, ces pays du sud ont été, à la sortie de la guerre, moins regardants sur les exigences de compensations allemandes pour les dommages qui leur ont été causés pendant la deuxième Grande-Guerre. Pour cette raison, entre autres, l’Italie tient à rappeler à présent ce fait aux allemands. Ensuite, l’Italie et consorts laissent entendre aussi, ce qui est vrai, que l’Allemagne est le pays qui a, davantage que tous les autres membres de l’UE, le plus profité du marché commun et de l’Euro et qu’à ce titre il serait juste que les allemands  contribuent un peu de leur poche pour les pertes cumulées que les pays latins ont subies, sur le marché intérieur européen, depuis le début de l’aventure des projets de l’UE et de l’Euro.

Davantage encore, bien que l’Italie et consorts n’osent pas le dire directement, vraisemblablement par peur de devoir rendre des comptes à leurs électorats, ces sacrifiés du « made in Germany » savent pertinemment que la dégradation de leurs économies va au-delà de la simple perte de compétitivité sur le marché intérieur UE au profit des allemands. Ils sont devenus non compétitifs également sur des marchés extérieurs à l’Europe tels que les marchés africains et autres. La raison dérive du fait qu’ils sont en concurrence sur des produits de moyenne gamme (produits de grande consommation, petits véhicules etc.) avec des pays comme la Turquie, la Chine et autres. Mais alors que ces derniers peuvent s’arranger pour déprécier leur monnaie et gagner en compétitivité, les pays de l’Europe du sud n’ont plus le moyen de le faire pour l’Euro, monnaie partagée. Et c’est justement là que  le bât blesse.

Ces problèmes intereuropéens sus-évoqués, et d’autres du même genre régulièrement mentionnés dans les médias de l’UE  comme le rabaissement (souvent injustifié) récurrent par les allemands de la qualité de travail dans les pays du sud, révèlent la profondeur du malaise qui est en train de ronger le Bloc européen de l’intérieur. Surtout qu’à présent tout le monde a en mémoire le scandale des émissions de Volkswagen qui a révélé que les allemands sont également des fraudeurs haut de gamme. Comme conséquence, le projet UE, dont l’Allemagne préside à sa destinée avec la France pour la tâche de « modérateur », construit autour d’un marché commun comme pilier central et l’Euro comme corollaire, tout cela emballé dans des normes privées sur mesure, a déjà commencé à s’effilocher avec le départ des britanniques à l’occasion du Brexit et continuera très probablement à se disloquer par l’éloignement progressif de l’Italie et consorts des autres pays d’obédience germanique.

Mais l’Europe a passé des épreuves plus sévères à l’occasion de plusieurs guerres dans le passé et saura se remettre sur pied après l’épisode du Covid-19.

A présent, la question qui intéresse ce blog est de savoir ce qu’il adviendra de nous en Afrique.

A ce propos, nous autres marocains avons noté avec fierté que nos responsables, encouragés par notre souverain, le roi Mohammed VI, ont fait preuve cette fois d’une grande sagacité pour une gestion efficace de la pandémie du Covid-19 que, selon des médias de l’UE, même des pays européens nous envient à présent. Sur ce, notre pays est également animé d’une grande volonté pour contribuer au décollage économique et industriel d’autres pays frères et amis africains. Mais comme dit le proverbe : « Charité bien ordonnée commence par soi-même ».

Sous ce rapport, quoique le Maroc soit bien lancé pour relever le défi du développement pour lui-même, il convaincra davantage ses pairs africains de la pertinence de son ambition comme  leader régional en montrant, par des initiatives exemplaires et appropriées, qu’il sait comment améliorer le travail pour le rendre plus efficace, plus fluide et nous rendre plus compétitifs à l’international, particulièrement sur les secteurs qui comptent pour l’Afrique au premier rang desquels il y l’agroalimentaire. Chez nous au Maroc, ce secteur est géré par la loi 28-07 de sécurité sanitaire des produits Alimentaires et placé au nom de la loi sous la tutelle de l’ONSSA (Office National de Sécurité Sanitaire des produits Alimentaires). La loi stipule que les produits alimentaires destinés aux marchés, local ou à l’export, doivent se conformer à la réglementation indépendamment de leur destination commerciale finale. Mais dans la réalité, si l’ONSSA répond à la loi concernant la surveillance des produits sur le marché local, cet organisme est surclassé par une autre administration, l’EACCE (Etablissement Autonome de contrôle et Coordination des Exportations), quand il s’agit d’exporter ces mêmes produits. Alors que la loi désigne nommément l’ONSSA comme responsable du contrôle de la sécurité sanitaire des produits alimentaires, le rôle de l’EACCE semble relever d’une redondance. Mais, dans la réalité, l’EACCE représente un boulet et donc un véritable frein au développement de notre export agroalimentaire. Les professionnels marocains du secteur savent comme quoi faire de l’export de produits agroalimentaires depuis le Maroc par les temps qui courent peut constituer un parcours du combattant.

Jusqu’à preuve du contraire ce n’est pas de cette façon que l’on peut gagner des galons de leader.

Ensuite, les pays africains souffrent de leur dépendance du marché UE qui s’essouffle de plus en plus et devient de moins en moins rémunérateur. Ils regardent vers le Maroc qui a conclu un accord de libre-échange avec les USA et semblent nous rappeler à nous marocains qu’après quinze années depuis la signature de ce précieux accord avec les américains, le temps est venu de le dynamiser au profit de nos opérateurs locaux pour en redistribuer ensuite le bénéfice sur l’ensemble de notre Continent à l’occasion du lancement pour bientôt de la Zleca (Zone de libre-échange continentale africaine). Nul besoin de rappeler que le marché US représente le plus grand marché du monde, qu’il est rémunérateur et devenu, après la promulgation de la nouvelle réglementation sanitaire FSMA (Food Safety Modernization Act), beaucoup plus rapide d’accès pour nos produits agroalimentaires africains.

Dans cet ordre d’idées, La présente note (article) est également pour confirmer à «Qui de droit » (au Maroc) que sur une grande partie des pays de notre Continent, l’ensemble des experts AEFS (Experts Africains en Sécurité Sanitaire des produits Alimentaires), association à but non lucratif que j’ai l’honneur de présider, sont prêts à apporter leur concours pour contribuer à la mise en place de solutions innovantes pour fluidifier les échanges commerciaux interafricains et, également, booster l’export agroalimentaire de nos pays vers de nouvelles destinations comme le marché US ou bien asiatique sur la base d’une expertise africaine robuste qui répond aux meilleures normes en vigueur de par le monde.