Le flétrissement de l’UE

Dans les années soixante-dix du siècle passé, le travail ne manquait pas en Suisse en général et à Lausanne en particulier. En tant qu’étudiants, on en tirait un grand bénéfice pour aider, par exemple, à payer nos frais universitaires relativement chers à l’époque. Dans ce cadre, j’ai assuré successivement le remplacement sur Juillet/Août, pendant leurs congés annuels, de deux techniciens du CHUV (Centre Hospitalier Universitaire Vaudois), Messieurs Rochat et Falci, à l’hôpital Nestlé. Le travail consistait à effectuer des électrocardiogrammes (ECG) et les remettre ensuite aux médecins concernés. Ces enregistrements étaient obligatoires pour tout nouveau patient qui arrivait au service des entrées de l’hôpital et, par ailleurs, sur demande d’un service ou un autre qui composent l’hôpital. En moyenne, il s’en faisait une cinquantaine par jour sur l’appareil mobile dont il s’agit. Le travail n’est pas compliqué en soi. Mais, étaler des solutions électrolytes et fixer des ventouses sur les poitrines fermes de jeunes femmes pour avoir un bon tracé d’ECG représentaient, pour un débutant comme je l’étais, un moment de vérité récurrent lors de ces opérations d’enregistrements.

Un jour, j’ai été appelé pour faire un ECG aux urgences sur une patiente d’un grand âge que le personnel avait identifié comme une aristocrate d’origine iranienne. La dame, en détresse, était lucide mais on sentait chez-elle un sentiment de profonde tristesse de se voir comme elle l’était largement dénudée, reliée à des moniteurs et entourée d’un staff pour les besoins d’auscultations, prélèvements de sang et autres diagnostics. A un certain moment, cette réflexion lui a échappé : « vous savez, j’étais très belle quand j’étais jeune et les hommes se retournaient sur mon passage ». Il y avait de la peine dans sa voix, une peine compréhensible, mais l’important pour le staff médical à ce moment-là était de prolonger sa vie. Elle était sortie d’ailleurs, rétablie, quelques semaines après son admission.

Dans la période de la pandémie du Covid-19 que nous vivons actuellement, l’histoire de la beauté flétrie de cette dame peut aisément se comparer à l’image que dégage la situation peu enviable que vivent des pays de l’UE en ces moments. En effet, s’il n’y a aucun doute sur la gloire passée de nombre de ces pays, plus ou moins disparates mais  tous agrippés au sacrosaint marché commun comme à une bouée de sauvetage, il ne fait plus de doute à présent que, à l’exemple de cette vieille aristocrate flétrie par le temps, nos voisins du nord de la méditerranée passent actuellement par des moments tout sauf glorieux. Pensez donc au fait que la Grande Bretagne a refusé après le Brexit d’accorder un statut complet d’ambassadeur au représentant UE à Londres, ou bien à l’expulsion dernièrement par la Russie de trois ambassadeurs européens pendant la visite même à Moscou du Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Monsieur Josep Borrell. L’expulsion a même été agrémentée d’un commentaire comme quoi la Russie était prête à rompre ses relations commerciales avec l’UE. Il y a aussi la position réaffirmée de l’industrie pharmaceutique d’approvisionner en vaccin nombre de pays avant ceux de l’UE, qui n’en produisent pas tellement par eux-mêmes, parce qu’ils paient mieux que la Commission européenne. Cette position, de considérer que l’UE est un client de moindre intérêt, a également été celle du président Jair Bolsonaro du Brésil. Fatigué par les commentaires français sur la prétendue cherté du soja brésilien, Monsieur Bolsonaro a conseillé au président français, Monsieur Emmanuel Macron, d’acheter le  « Soja européen ».

De manière globale, et comme indiqué dans des articles avant de ce blog, les pays de l’UE enregistrent ces dernières années un camouflet après l’autre. Le résultat est que l’UE a une balance commerciale largement négative ailleurs dans le monde mais excédentaire avec nos pays africains. Toutefois, ce déficit des pays de notre continent avec l’UE est appelé à se réduire, puis à s’inverser, à mesure que la Zlecaf (zone de libre-échange continentale africaine) se met en place. Malgré cela, nous autres africains sommes très tolérants. Nous n’oublions évidemment pas que, entre autres, nos ex-colonisateurs européens ont fait commerce de nos aïeux comme des bêtes et se sont servis de nos ressources et de nos femmes à volonté sans la moindre contrition hier ou aujourd’hui. Mais, il suffirait qu’ils se montrent un peu plus humains en reconnaissant leur responsabilité d’avoir commis les forfaits que les pays africains et autres leur reprochent pour tourner définitivement cette page noire de leur histoire et démarrer une autre page de collaboration avec nos pays du sud. En fait, il y va même de leur intérêt car, pour reprendre l’exemple plus haut de la vieille aristocrate, le « staff équivalent », de celui indiqué dans l’exemple plus haut, qui serait à même de sortir l’UE de sa descente progressive aux enfers, ne peut être ni l’Amérique ni l’Asie qui ne trouvent plus, d’après nos longues observations, grand intérêt à pérenniser leurs échanges avec l’UE selon le mode actuel. En effet, si le marché commun UE de la libre circulation des personnes et de biens montre des signes d’essoufflement irréversibles ces derniers temps, les experts relèvent également que l’Euro, un autre ciment de pays de l’UE et leur moyen favori de paiement, a été bâti sur des structures brinquebalantes dès le départ. En somme, le fait de maintenir coûte que coûte cette devise en dehors des règles admises pour le support d’une monnaie ne fait que grossir le cataclysme qui finira inéluctablement par se produire avec des répercussions funestes y compris sur l’Allemagne, considérée jusqu’à présent comme le joyau industriel de l’UE.

Or, les européens, qui ne cessent de frapper à la porte de l’UA (Union Africaine) pour nous pousser à formaliser avec eux un nouvel accord pour nos échanges, savent plus que quiconque que nous représentons en quelque sorte le remède qu’ils souhaitent pour leur rétablissement. Un continent riche en ressources minières, halieutiques et agricoles, avec plus de 50 pourcent des terres arables en friche à l’échelle de la planète, peut potentiellement subvenir à ses besoins et largement aider ceux de ses voisins dans le besoin immédiat ou à venir. Pour le moment, l’UA est dans le mode du « wait and see ». Mais, comme préalable, l’UE doit abandonner ce que Monsieur Yoweri Museveni, président de l’Ouganda, a qualifié, dans une interview de mi-février au Der Spiegel, « l’attitude arrogante des européens ». Dans ce sens, les pays de l’UE doivent changer de comportement assez vite car, à commencer par le Maroc et en allant plus loin en Afrique, nous aussi nous n’aurons bientôt plus besoin des services des européens pour nos échanges et notre prospérité.

Sous ce rapport, après l’indépendance officielle du Maroc de la tutelle visible de la France, nombreux ont été les marocains de confession juive (ci-après la Grande élite nationale) qui ont choisi d’émigrer vers Israël et ailleurs. Considérant les informations glanées sur les 35 dernières années de notre travail d’expertises d’abord en tant que haut responsable d’un Groupe pharmaceutique marocain, ensuite comme expert judiciaire pour le secteur agro-industriel et, par ailleurs, compte tenu de mes nombreux échanges avec feu mon ami, Monsieur Paul Pinhas Abergel (que Dieu ait son âme), cheville ouvrière de la composante de Casablanca de la Grande élite nationale; l’explication plausible, selon nous, de cette émigration d’il y a une soixantaine d’années tient vraisemblablement au fait que la Grande élite nationale a très probablement compris avant nous autres que, en somme, la France avait simplement « reculé pour mieux sauter ». Autrement dit, le colonisateur aurait fait sortir ses soldats et mis en place dans un schéma bien étudié d’autres responsables civils, accompagnés, de manière plus ou moins élaborée, par ses organes sur place dont la CFCIM (Chambre Française de Commerce et d’Industrie au Maroc). Il est utile de souligner à ce niveau que la CFCIM comprend des centaines d’employé(e)s ce qui est évocateur de l’importance que la métropole accorde à son agence de Casablanca. Mais, dans ce nouveau schéma directeur pour asseoir les prérogatives néocoloniales parisiennes sur notre économie, il y a peu de place pour les citoyens marocains qui veulent aider leur pays comme c’est l’aspiration des membres de la Grande élite nationale; ce qui les a poussés à se mettre en retrait provisoirement, en s’expatriant, en attendant de meilleurs jours pour intervenir.

Aujourd’hui, ce moment est venu et notre souverain, le Roi Mohammed VI, a été on ne peut plus clair sur la volonté du Royaume d’aller vers un nouveau modèle de développement pour nous permettre de recouvrer notre souveraineté sur l’ensemble des activités économiques essentielles de notre pays. Parmi ces activités, il y a le secteur agro-industriel. Sur ce plan, l’expertise israélienne, reconnue par tout le monde, est incontestable. Dans ces conditions, les ingénieurs et autres professionnels de la Grande élite nationale marocaine, qui font à présent également partie du génie israélien, sont chaque jour plus nombreux à manifester leur volonté de regagner leur pays d’origine pour répondre à l’appel de notre souverain pour faire redonner au Royaume la place qui lui revient dans le concert des nations. Cela servira dans le même temps d’exemple à d’autres pays frères et amis africains et du Moyen-Orient.

Il nous plait de rappeler ici que les professionnels israéliens, dont une bonne proportion est constituée par des membres de la Grande élite nationale marocaine, ont apporté un grand soutien aux européens il y a cinquante ans déjà en rendant accessible de la bonne nourriture, dont le poulet et le filet de dindonneau, à des franges de leur population à revenu réduit.  Même que les produits de cette bonne nourriture ont été obtenus sur une terre largement aride et loin de la fertilité et des ressources en eau dont bénéficie l’agriculture européenne ( voir ici ).

Dans la mesure où la paupérisation croissante de la population UE est à présent une réalité qui ne souffre plus de doute et, sachant que les possibilités halieutiques, agricoles et en d’autres ressources minières du Maroc constituent un potentiel cumulé qui le place parmi les dix premiers pays de la planète, il est plus que certain que les pays de l’UE, nos voisins immédiats, auraient toutes les chances, s’ils le souhaitent, de bénéficier de l’Afrique qui émerge avec l’avancement de la mise en place de la Zlecaf. La Grande élite nationale marocaine, qui a aidé à améliorer le pouvoir d’achat de nourriture de la classe besogneuse européenne il y a un demi-siècle depuis Israël, sera dans les mois et années à venir prête à recommencer cette opération en mieux depuis le Royaume du Maroc, leur pays d’origine.

Dans cette perspective, l’apport de la diaspora africaine, qui comprend justement nos concitoyens marocains établis en Israël et ailleurs, sera prête pour aider à éviter à l’« Empire UE » les effets dévastateurs du flétrissement qui impacte lourdement à présent le vieux continent au vu et au su de tous.