Les entraves du Nouveau Modèle de Développement

Sa Majesté le Roi Mohammed VI a appelé à la mise en place d’un Nouveau Modèle de Développement (NMD) qui soit en phase avec les aptitudes réelles du Royaume et puisse profiter à l’ensemble du peuple marocain. Dans le même sillage, nous comprenons que la cérémonie de signature — du projet structurant de fabrication des vaccins Covid-19 et autres au Maroc — que le Roi Mohammed VI a présidée le 5 Juillet dernier au palais royal de Fès, participe également de la volonté royale de hisser la position du Maroc au rang de leader dans, entre autres, les domaines agroalimentaires, que nous aborderons plus bas, et pharmaceutique sur lequel nous saisirons l’occasion d’y revenir à un autre moment.

La commission chargée d’élaborer le projet du NMD, qui a terminé son travail et remis au souverain son étude renseignée, s’adresse à présent, sur demande du Roi, aux composantes des forces vives de la nation à travers le pays pour leur exposer les principales lignes de ce grand projet inédit et, dans le même temps, noter leurs avis et commentaires qui seront pris en considération dans la définition ultérieure des conditions humaines, matérielles et réglementaires de mise en œuvre du NMD. La presse nationale est revenue, à son tour, largement sur le travail de ladite « Commission Benmoussa »  ainsi que sur le but visé du NMD dans son ensemble.

Pour ce blog, nous sommes particulièrement intéressés à l’amélioration que le NMD pourrait apporter à l’activité du secteur agroalimentaire pour élever nos prestations à un niveau supérieur et servir ainsi d’exemple à d’autres pays de notre région. Dans ce cadre, nous devons admettre que le système actuellement en vigueur — et les prescriptions qui le sous-tendent pour différents domaines de l’activité économique de notre pays — doivent avoir été considérés comme obsolètes, ou bien arrivés à leurs limites, pour que le Maroc se soit décidé à les changer. Le NMD devra donc, pour ce qui intéresse cet article, permettre aux opérateurs nationaux du secteur agroalimentaire de produire et mettre sur le marché des articles avec des rapports « Qualité/Prix » aussi performants que possible pour soutenir nos objectifs concurrentiels sur les marchés internationaux où la compétition est chaque jour plus féroce que la veille. Mais, la qualité des produits alimentaires, dont nous parlons, se mesure avec des méthodes réglementaires codifiées, qui figurent dans la loi 28-07 et dont le HACCP (Hazard Analysis Critical Control Point) représente le canevas de choix. Dans ces conditions, l’annonce du changement imminent du modèle actuel de développement autorise de conclure que, à côté d’autres insuffisances réglementaires identifiées, la loi en vigueur qui réglemente la qualité des produits alimentaires doit, à son tour, avoir été considérée comme nécessitant un « lifting ».   Or, la loi 28-07 de sécurité sanitaire des produits alimentaires dont il s’agit, basée sur le HACCP et promulguée il y a juste une dizaine d’années, ne parait pas avoir vieillie à ce point. Sa lecture attentive, et celle des textes pris pour son application, montrent que les règlements qu’ils contiennent sont tout à fait en phase avec, en particulier, la protection du consommateur telle que prévue par le Codex Alimentarius et autres réglementations de référence.

Cependant, en y regardant de plus près on réalise, bien que la loi 28-07 soit claire dans son libellé et son esprit, que les responsables de l’ONSSA (Office National de Sécurité Sanitaire des produits Alimentaires), à qui incombe exclusivement la responsabilité de mettre en œuvre cette réglementation, l’appliquent de manière discrétionnaire et largement partiale. Par exemple, la loi prévoit que les entreprises procèdent aux rappels, ou effectuent le retrait, de leurs produits reconnus non conformes. Je n’ai pas le souvenir, en observateur régulier de ce qui se passe dans le secteur des produits alimentaires, d’actions méritoires de l’ONSSA sur ce sujet. Ce fait n’autorise absolument pas d’extrapoler que tout ce qui est fabriqué dans nos Unités du secteur agroalimentaire serait parfait. Cela heurterait le bon sens scientifique et, en plus, une telle affirmation irait à l’encontre des observations objectives dans les nombreux pays qui ont le souci de l’application saine de la loi.

Ceci étant dit, la pertinence de la loi, nonobstant la qualité des textes réglementaires qui la composent, est tributaire de la façon dont elle est mise en pratique par ceux qui en ont la charge. S’agissant de l’application de la loi 28-07 et les textes pris pour son exécution, l’ONSSA, organisme intimement subordonné au Ministère de l’Agriculture, laisse, nos archives faisant foi, une impression de profonde léthargie. C’est comme si la majorité des agents de cette instance étaient là juste pour expédier les affaires courantes. Un exemple, parmi tant d’autres, est quoique la loi engage ces inspecteurs à mettre par écrit les écarts et autres manquements à la loi qu’ils peuvent observer dans les entreprises et établissements visitées lors de leurs inspections — de dater leurs remarques et les cosigner avec la hiérarchie présente de l’entreprise inspectée — ces verbalisateurs n’en font rien. Dans le langage commun cela s’appelle « Faire de la résistance à l’application de la loi » qui expose normalement à des sanctions disciplinaires ou bien le renvoi devant les tribunaux.

Comme on peut le supputer, ces fonctionnaires ne mépriseraient pas la loi sur laquelle ils sont supposés veiller s’ils savaient qu’ils auraient des comptes à rendre sur leur façon d’agir.

Les européens eux, avec lesquels nous avons un accord d’association, appliquent mieux leur loi chez eux que nous ne le faisons de la nôtre chez nous. Cela leur permet de faire, pour le secteur alimentaire et autre, des échanges commerciaux avec des pays partout dans le monde. Mais ce n’est pas le cas du Maroc dont plus des ¾ de nos exportations vont vers l’Europe et font leurs entrées dans le marché UE par un nombre très restreint de pays. Le Maroc étant un pays souverain, pourquoi alors notre commerce extérieur est à ce point dépendant d’une fraction infime de la population mondiale dont certains parmi eux racontent à qui veut les entendre qu’ils peuvent très bien se passer de l’importation de nos produits alimentaires.

Quoique cette anomalie (subordination excessive à un seul marché) de notre commerce extérieur ne semble pas avoir une explication intelligible dans les accords explicites qui nous lient à l’UE, il doit bien y avoir une raison à notre servitude d’un marché unique. La réponse serait donc à chercher ailleurs que dans les textes formels qui règlementent nos échanges avec l’Europe. Or, dans ce cas de figure, ce qui n’est pas dûment consigné relève souvent d’arrangements occultes. Sous ce rapport, on peut conjecturer qu’un battage continu sur des dizaines d’années —  Qui loue la prétendue supériorité (à démontrer) des normes UE, combiné à des protocoles ciblés d’accréditation d’organismes officiels marocains gérés par des responsables acquis sans réserve au prosélytisme UE, le tout agrémenté d’intéressements d’individus ciblés pour des formations « généreusement offertes »  sur les normes UE en Europe et/ou de décorations étrangères et/ou des facilitations de visas de voyage et j’en passe —  auraient fini de formater l’esprit de certains de nos responsables et obtenu leur adhésion totale au paradigme UE.

Cerise sur le gâteau (pour ces gens), cette attitude de soumission pour ainsi dire aveugle, de certains de nos responsables aux thèses UE, conjugue bien avec l’économie de rente que l’Europe, via cette catégorie d’individus, veut perpétuer dans notre pays pour en faciliter l’exploitation dans la durée aux potentats européens.

A présent, si cela constitue une vérité de La Palice de dire que ce sont les pays de l’UE qui profitent éhontément de l’accord commercial avec le Maroc ; Il est tout aussi évident qu’un changement, quoique légitime, d’attitude du Maroc, qui orienterait nos échanges commerciaux différemment de ce qu’ils sont aujourd’hui, provoquera à n’en pas douter un tollé au niveau des décideurs UE et de leurs mandataires marocains. Les résistances évoquées plus haut se multiplieront à coup sûr dans le secteur agroalimentaire et ailleurs.

Sous ce rapport, le Der Spiegel relate, dans sa dernière livraison du 21 courant, dans un article consacré à la pandémie de Covid-19 que : « L’Allemagne est souvent bonne en gestion et mauvaise en création ». Cela rejoint ce que nous avons indiqué dans un article précédent (voir ici ). A ce propos, le Maroc peut se targuer à juste titre d’avoir conçu, préparé et conduit une campagne de vaccination, et gérer ses effets annexes, de manière magistrale qui continue d’inspirer d’autres pays dans le monde.

Aussi, certains de nos responsables du Ministère de la santé feraient bien de méditer sur le fait que ce n’est pas parce qu’une pharmacopée, ou un autre document de référence, est rédigée en français qu’elle est automatiquement meilleure qu’une autre rédigée en anglais ou bien en chinois ou autre (voir ici  ).

En prenant appui sur ce qui vient d’être indiqué plus haut dans le texte, et pour mieux garantir le succès du NMD, il semble bien que le Maroc doive prendre le plus rapidement possible en considération, en particulier, les préoccupations légitimes de certains exportateurs auxquels la mise en œuvre du NMD risque de faire perdre des opportunités sur les marchés traditionnels et leur apporter aide et appui pour accéder à des marchés alternatifs qui existent. En parallèle, il y a lieu, selon notre appréciation, de réfléchir sur la problématique que posent ceux parmi nos décideurs de la haute sphère de la fonction publique, et ailleurs peut-être, qui montrent une plus grande inclination aux causes de pays étrangers qu’à celles de leur propre pays. Notre suggestion serait, au minimum, de réorienter la carrière de ces gens pour prévenir l’éventualité qu’ils puissent représenter un frein supplémentaire à la mise en œuvre du NMD auquel Sa Majesté le Roi Mohammed VI a appelé et dont notre pays a grand besoin.

 

La composante ibérique de l’ambition allemande

Ces derniers jours, tout le monde, localement et à l’international, a pu se rendre compte combien les relations diplomatiques entre le Maroc et l’Espagne se sont gravement dégradées. Les raisons de cette détérioration sont avant tout d’essence politique. Il s’agit d’un domaine  qui n’est pas le focus traditionnel de ce blog. Ceci étant, l’affirmation de notre Ministre des Affaires Etrangères, de la Coopération Africaine et des Marocains Résidant à l’Etranger, Monsieur Nasser Bourita, comme quoi « l’Espagne doit comprendre que le Maroc d’aujourd’hui n’est pas comparable au Maroc d’hier » en appelle peut-être une autre, à savoir que l’Espagne d’aujourd’hui n’est plus l’Espagne d’hier.

Mais, alors que le Royaume du Maroc a pris la pleine conscience de son énorme potentiel et de sa position géostratégique particulièrement privilégiée, l’Espagne, qui était indépendante dans ses décisions et Maître de son destin, est en train de prendre la mesure de ce qu’elle risque de perdre en se cramponnant de toutes ses forces à une UE sur la dérive menée par une « locomotive allemande » qui s’essouffle de jour en jour « au vu et au su de tous ». Dans ce sens, alors que les autres pays de l’UE ont montré, par leur silence, leur désapprobation de l’initiative espagnole de recevoir sur son territoire un sinistre tortionnaire (Brahim Ghali),  sous un faux nom (Mohamed Ben Battouche) et lequel, en plus,  est  réclamé par leur propre système judiciaire, l’Allemagne, la première à chercher la crise avec le Maroc, a été la seule, selon les médias espagnols, à se solidariser avec le pays ibérique dans cette action de nature terroriste.

Il faut revenir un peu en arrière pour comprendre l’origine de cet engouement réciproque que les allemands et les espagnols vouent les uns pour les autres et la solidarité qui en découle même devant des actes qui confinent aux méthodes mafieuses.

Pour nous autres marocains du nord du pays (occupé par l’Espagne quelques dizaines d’années), nos autorités scolaires avaient l’habitude, après le retrait de l’Espagne, de nous imposer systématiquement l’espagnol comme deuxième langue étrangère après le français. Ce fut mon cas quand j’ai intégré comme élève interne le Lycée Moulay Youssef à Rabat en 1967. L’année d’après, nous étions quelques dizaines d’élèves hispanisants méritants, de tout le Maroc, à bénéficier d’un voyage offert par l’ambassade d’Espagne à Rabat. Nous avions alors visité, en une dizaine de jours, les villes et régions de Séville, Cordoue et Grenade.

Mon compte rendu sur ce voyage ayant été primé, j’ai refait l’excursion scolaire l’année suivante avec un autre groupe, cette fois à Madrid et région. Nous étions logés dans un couvent à Carabanchel.

Avec quelques camarades du nord marocain, nous ne voyions pas de différence entre le mode de vie des espagnols, de l’Andalousie en particulier, et celui de notre région d’Ouazzane et Chefchaouen. A l’extérieur des villes, de nombreux paysans espagnols se déplaçaient encore à dos d’âne ou de mulet et leur régime alimentaire méditerranéen, quelque peu frugal, ressemblait grandement au nôtre. A Grenade, de nombreux gitans vivaient encore comme des troglodytes.

A l’époque, le déplacement depuis Maroc vers l’Espagne était accessible à tout le monde, ce qui exerçait une grande pression migratoire sur la frontière sud de la France et, par suite, sur celle franco-allemande.

Il faut rappeler à ce niveau que nous n’étions pas très loin de la fin de la deuxième Guerre Mondiale au cours de laquelle un grand nombre d’européens ont souffert de la faim et de la  malnutrition. Ce mauvais souvenir avait incité les responsables européens de ce temps-là à initier dans les années soixante des études de prospectives pour mettre au point des politiques qui éviteraient aux populations des pays européens de revivre de nouvelles périodes de faim et sous-alimentation. Les études en question montraient une grande divergence entre les courbes de progression démographique et celles de croissance des ressources alimentaires pour faire face aux nouvelles bouches à nourrir. Ce type de divergence paraissait beaucoup plus marqué dans nos pays africains. En conséquence, il devenait facile de déduire que c’était uniquement une question de temps avant que l’émigration africaine de la famine, héritage du colonialisme de nos voisins de la rive nord de la Méditerranée, envahirait le continent européen. Compte tenu des éléments d’information de ce temps-là, l’Espagne apparaissait comme  le maillon faible de l’ambition européenne, d’origine allemande, de se blinder contre l’émigration économique africaine. L’Allemagne, qui semble ne jamais avoir digéré sa défaite avilissante des années quarante, devant les alliés menés par les USA, et qui s’était, très probablement, jurée à elle-même de prendre sa revanche sur le plan économique, aurait vu là une occasion de matérialiser son rêve d’un retour triomphant sur le plan en question. Elle a alors, supposément, usé de toute son influence et ses prérogatives en tant que bailleur de fonds des autres pays de l’UE (voir ici) pour faire intégrer l’Espagne à l’UE. Au début, l’Espagne s’est vu offrir, en somme, un  strapontin.

Sous ce rapport, les exportations de l’Espagne vers le reste de l’UE, alimentaires en particulier, étaient systématiquement contrôlées pour manque de confiance dans le travail du pays ibérique.

Mais, à mesure que les espagnols devenaient familiers des rouages de l’UE, ils ont développé plus d’ingéniosité et d’intrigue. Ces aptitudes leur ont permis de faire aboutir le projet UE, connu depuis sous la désignation de « principe du cassis de Dijon ». Cet accord a établi, faute d’harmonisation communautaire, le principe de la « reconnaissance mutuelle, par les États membres de l’Union européenne, de leurs réglementations respectives». L’Espagne pouvait alors exporter ses produits avec moins d’entrave vers les autres pays de l’UE.

En défendant l’entrée de l’Espagne dans l’UE, et en consolidant ensuite la position ibérique au sein du marché communautaire, l’Allemagne a fait un coup double. Elle a permis de freiner considérablement l’émigration africaine antérieure à travers l’Espagne et, en même temps, a  contribué à transformer le pays ibérique en un vaste chantier d’investissements de l’Allemagne et consorts dans tous les domaines, autoroutes, immobilier, construction automobile, hôtellerie, chimie/parachimie et j’en passe. Cerise sur le gâteau, les marchés des pays d’Amérique du Sud, proches linguistiquement de l’Espagne, sont devenus également beaucoup plus accessibles aux opérateurs allemands par le biais de leurs succursales espagnoles.

Incidemment, pour avoir, en tant qu’expert judiciaire, traité à un titre ou un autre de nombreux dossiers entre opérateurs marocains et ibériques, la région catalane me donnait parfois l’impression d’un grand centre de sous-traitants des firmes allemandes.

En résumé, les investissements allemands, qui ont drainé plus d’investissements d’autres pays de l’UE, ont totalement métamorphosé le Royaume d’Espagne qui est passé à partir du milieu des années soixante-dix, avec grande célérité, d’un pays aux caractéristiques tiers-mondistes à un pays moderne qui aspire à dépasser la France. Dans le même temps, ayant « importé » une économie largement subsidiaire de l’économie allemande, le niveau d’activité de l’économie espagnole est devenu fortement tributaire de la santé de l’économie allemande. En utilisant une métaphore, on pourrait dire que si « l’Allemane tousse, l’Espagne attrape un rhume ». Et cela nuit, selon notre opinion, à l’indépendance du jugement de l’Espagne qu’on lui connaissait avant.

Cette sorte de relations d’affaires intime, voulue d’abord par la RFA (République Fédérale d’Allemagne) au bénéfice de ses entreprises, a rapproché les deux pays qui se rendent depuis lors mutuellement service comme nous venons de le voir dans le conflit qui oppose ces derniers temps le Maroc d’un côté, l’Allemagne et l’Espagne de l’autre.

Le fait est que les produits qui nous viennent de l’Allemagne et l’Espagne se trouvent partout  ailleurs et à des prix moins chers. Ensuite, contrairement à ce que l’Europe laisse croire, nombreux parmi les pays de l’UE sont loin d’être autosuffisants sur le plan alimentaire, chose qui compte le plus en ces temps perturbés comme la pandémie du Covid-19 l’a montré de façon magistrale.

En ce qui nous concerne, le Maroc possède, au même titre que d’autres pays africains, l’un des potentiels les plus élevés au monde sur le plan agroalimentaire. Autant dire que ces pays, Allemagne, Espagne et consorts ont beaucoup plus besoin de nous, comme marocains et africains, que nous-mêmes de leurs services.

Mais nous vivons dans un monde globalisé et devons par conséquent vendre ce que nous produisons pour vivre. Alors, devant de probables mesures de restrictions commerciales UE,  et en attendant le lancement effectif de la Zlecaf (Zone de libre-échange continentale africaine) pour booster nos échanges avec nos pays frères et amis africains, il y a toujours, pour les opérateurs qui peuvent être intéressés, le marché US qui est preneur de tout ce que nous pouvons produire et vendre, et à des prix bien plus attractifs que ceux offerts par les pays de l’UE.

La décadence du prestige allemand

La ville d’Ouazzane, où j’ai grandi, est connue au Maroc pour ses traditions coraniques et son artisanat dont le tissage et la tannerie sont les plus représentatifs. Mais dans notre enfance, au lendemain de l’indépendance du Maroc, nous étions, en tant que gamins, davantage intéressés par les métiers qui nous procuraient de quoi nous amuser. La toupie était l’un de nos jouets favoris. Les artisans qui les fabriquaient ne connaissaient pas le chômage. Ces façonniers effectuaient leurs opérations de fabrications, pratiquement à l’identique, en s’aidant uniquement de leur mémoire et d’outils de travail rudimentaires.

L’histoire montre que les étapes de fabrications artisanales sont des stades par lesquels les pays passent dans leur transit vers plus de progrès. Mais peu de pays ont su valoriser par l’industrialisation les métiers artisanaux comme les allemands l’ont fait. La raison en est que le système germanique d’apprentissage, unique en son genre, prévoit, depuis des siècles, l’alternance, pour les candidats en formation, d’un enseignement scolaire couplé à un apprentissage chez un « Maître d’apprentissage ». Autrement dit, s’il n y a pas de place chez le Maître d’apprentissage, il ne peut y avoir formation d’un(e) apprenti(e) qui deviendra ensuite technicien(ne), voire spécialiste. C’est l’application généralisée de cette pratique qui fait apprécier depuis longtemps les produits industriels « Made in Germany ». On retrouve ce système également dans des pays d’obédience germanique comme la Suisse.

Ainsi, l’Allemagne avait la chance de disposer des bases pour construire dessus un modèle de développement civil qui aurait pu faire référence pour les pays du monde entier. Malheureusement, la survenue de la première guerre mondiale et, surtout le Traité de Versailles qui a suivi ont, selon notre opinion, chamboulé complètement cette perspective pour les allemands.

En effet, le traité en question comportait des exigences financières, de réparations de dommages de guerre à la France en premier lieu, mais aussi à la Grande Bretagne, qui se révéleront par la suite au-dessus des possibilités de remboursement de l’Allemagne vaincue. Cette remarque fait probablement partie des éléments qui ont conduit à l’époque le Sénat américain à refuser la ratification de ce Traité. L’impossibilité de rembourser et le ressentiment des allemands ont, comme suite, constitué les ferments de l’émergence du nazisme qui a conduit à la deuxième Grande Guerre.

Lors de cette Guerre, le Danemark, petit voisin neutre du nord, a été parmi les premiers pays envahis en 1940 par les allemands. Dans ce cadre, il est rapporté qu’après un incident d’échange de tirs entre les soldats allemands et la garde royale danoise, un Colonel est sorti du palais pour s’enquérir de la situation. Remuant avec sa canne une petite masse par terre, il demanda à l’un de ses soldats : « Qu’est-ce que c’est ? ». Le soldat répondit : « Le cerveau d’un soldat allemand, mon Colonel ». Le Colonel conclut : « Voilà pourquoi ils sont aussi agressifs ; ils ont une si petite cervelle ».

Cette boutade, aussi macabre soit-elle, renvoie à une dichotomie que  nombre d’observateurs ont remarquée chez les allemands. D’un côté, ces derniers peuvent fabriquer avec performance des machines complexes. Par ailleurs, ils semblent parfois manquer de cohérence quand il s’agit de mesurer l’impact de leurs actions, ou leurs paroles sur les autres. Par exemple, ils s’évertuent à faire une séparation nette entre « nazis » et « allemands ». Comme il n’y a pas de base biologique pour une telle assertion, on peut seulement conjecturer que, par exemple,  l’argent que les allemands versent aux victimes du nazisme ferait, à terme, oublier les horreurs de la Shoah. Mais, cela passerait sous silence un détail important. Les nazis sont effectivement des fanatiques d’une souche particulièrement virulente ; mais ils ne sont pas descendus d’une autre planète sur terre. Ils sont des allemands eux aussi. J’ai le souvenir, lors d’une discussion estudiantine des années soixante-dix, de la sortie étonnante d’un Universitaire allemand qui avait déclaré : « Si Hitler avait gagné, je serais le gouverneur de Lausanne à présent ».

Le fait est que l’Allemagne a perdu la guerre et, sans l’intervention financière et administrative musclée des américains, les allemands n’auraient eu aucune chance de devenir ce qu’ils sont aujourd’hui. Après y avoir élu domicile, les délégués américains ont, en gens pragmatiques, encouragé la RFA (République Fédérale Allemande) à s’impliquer dans ce que les allemands faisaient de mieux, à savoir l’industrie des machines-outils. Ces équipements étaient exportés dans le monde entier avec comme première destination, le marché US. Les initiatives américaines, ainsi que leur argent et celui de leurs partenaires du Moyen-Orient, ont dopé l’économie allemande qui s’est rapidement transformée pour s’imposer comme première puissance économique européenne. Comme corollaire, la puissance industrielle allemande a, en somme, balayé toute velléité de concurrence des autres pays membres de l’UE. La puissance économique germanique retrouvée, suppléée par leur force de vente, ont alors creusé, jusqu’à présent, le déficit des partenaires UE vis-à-vis des allemands. La plupart des pays du marché UE sont alors devenus débiteurs de l’Allemagne, ce qui a mis entre les mains des allemands un levier unique pour orienter à leur guise la politique financière, économique, industrielle et agricole de l’UE. En parallèle, cette métamorphose allemande doit vraisemblablement  avoir agi comme une drogue sur l’esprit des allemands qui ont commencé, dès la chute du mur de Berlin, à prendre progressivement leur distance vis-à-vis de leur mentor US.

Voyant cela, et une fois que les américains ont documenté ce comportement sur une période de temps  raisonnable, ils ont, à leur tour, commencé à défaire « les couronnes qu’ils avaient tressées auparavant à la RFA ». Certains observateurs pensent, dont nous-même, que la faillite de Lehman Brothers, banque d’investissement considérée longtemps comme la porte d’entrée des hommes d’affaires allemands sur le marché US, et le scandale de Volkswagen, aussi appelé « dieselgate », événements initiés aux USA, font partie d’un ensemble d’actes décidés par les américains pour châtier les allemands de leur comportement devenu hostile aux  intérêts de  l’Oncle Sam.

D’autres actions ont ensuite suivi qui ont durci l’entrée des produits « Made in Germany » sur le marché US. Les allemands ont supposément été touchés dans leur fierté et se sont alors tournés vers le marché Chinois comme solution de rechange. Mais, après quelques années, les hommes d’affaires allemands se sont rendus à l’évidence que ce marché asiatique était verrouillé de l’intérieur et beaucoup plus difficile à maîtriser que le marché US.

Or, l’économie allemande est accro à l’export. Pour cette raison, l’Allemagne semble n’avoir d’autre solution que de se réapproprier les marchés de notre continent africain. Considérant les règles européennes en application, ils doivent effectuer leurs démarches par le biais de l’UE dont ils maîtrisent parfaitement les rouages comme on vient de le dire.

Sous ce rapport, pour arriver à leur fin, les stratèges de l’UE avaient dans le passé l’habitude de montrer les crocs pour faire plier leurs homologues dans une  négociation. C’est cette agressivité qu’ils ont appliquée dans les négociations menées avec le Maroc dans les années quatre-vingt-dix par Monsieur Franz Fischler, alors commissaire européen à l’Agriculture et au Développement rural. Ils ont bien sûr réussi à nous fourguer ce qu’ils ont appelé pompeusement un accord d’association et qui doit être requalifié, selon nous, comme un accord de notre asservissement !

Mais, ce type d’entourloupe éculée (montrer les crocs) ne fonctionne plus avec nos pays africains. D’abord parce qu’il a assez servi et, par conséquent, devenu désuet. Ensuite, parce que les marchés de notre Continent sont convoités par tout le monde et, dorénavant, la préférence ira forcément au mieux-disant ce qui n’a souvent pas été le cas des entreprises UE. Enfin, peut-être que nous comprenons, nous les africains, chaque jour un peu mieux, que le Prestige allemand, que les responsables UE mettent en avant pour conduire leur  Business avec les autres, ne trompe plus personne. Il s’agit au mieux d’une réputation largement surfaite ou, plus simplement, d’un slogan de façade derrière lequel se cache le désir européen, constant depuis des siècles, de maintenir leur mainmise sur nos Matières Premières en particulier  et nos richesses en général.

Il reste que, seule l’entrée en vigueur effective de la Zleca (zone de libre-échange continentale africaine)  montrera à ces gens que nous sommes mieux placés pour gérer nos affaires africaines par nous-mêmes.

Le flétrissement de l’UE

Dans les années soixante-dix du siècle passé, le travail ne manquait pas en Suisse en général et à Lausanne en particulier. En tant qu’étudiants, on en tirait un grand bénéfice pour aider, par exemple, à payer nos frais universitaires relativement chers à l’époque. Dans ce cadre, j’ai assuré successivement le remplacement sur Juillet/Août, pendant leurs congés annuels, de deux techniciens du CHUV (Centre Hospitalier Universitaire Vaudois), Messieurs Rochat et Falci, à l’hôpital Nestlé. Le travail consistait à effectuer des électrocardiogrammes (ECG) et les remettre ensuite aux médecins concernés. Ces enregistrements étaient obligatoires pour tout nouveau patient qui arrivait au service des entrées de l’hôpital et, par ailleurs, sur demande d’un service ou un autre qui composent l’hôpital. En moyenne, il s’en faisait une cinquantaine par jour sur l’appareil mobile dont il s’agit. Le travail n’est pas compliqué en soi. Mais, étaler des solutions électrolytes et fixer des ventouses sur les poitrines fermes de jeunes femmes pour avoir un bon tracé d’ECG représentaient, pour un débutant comme je l’étais, un moment de vérité récurrent lors de ces opérations d’enregistrements.

Un jour, j’ai été appelé pour faire un ECG aux urgences sur une patiente d’un grand âge que le personnel avait identifié comme une aristocrate d’origine iranienne. La dame, en détresse, était lucide mais on sentait chez-elle un sentiment de profonde tristesse de se voir comme elle l’était largement dénudée, reliée à des moniteurs et entourée d’un staff pour les besoins d’auscultations, prélèvements de sang et autres diagnostics. A un certain moment, cette réflexion lui a échappé : « vous savez, j’étais très belle quand j’étais jeune et les hommes se retournaient sur mon passage ». Il y avait de la peine dans sa voix, une peine compréhensible, mais l’important pour le staff médical à ce moment-là était de prolonger sa vie. Elle était sortie d’ailleurs, rétablie, quelques semaines après son admission.

Dans la période de la pandémie du Covid-19 que nous vivons actuellement, l’histoire de la beauté flétrie de cette dame peut aisément se comparer à l’image que dégage la situation peu enviable que vivent des pays de l’UE en ces moments. En effet, s’il n’y a aucun doute sur la gloire passée de nombre de ces pays, plus ou moins disparates mais  tous agrippés au sacrosaint marché commun comme à une bouée de sauvetage, il ne fait plus de doute à présent que, à l’exemple de cette vieille aristocrate flétrie par le temps, nos voisins du nord de la méditerranée passent actuellement par des moments tout sauf glorieux. Pensez donc au fait que la Grande Bretagne a refusé après le Brexit d’accorder un statut complet d’ambassadeur au représentant UE à Londres, ou bien à l’expulsion dernièrement par la Russie de trois ambassadeurs européens pendant la visite même à Moscou du Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Monsieur Josep Borrell. L’expulsion a même été agrémentée d’un commentaire comme quoi la Russie était prête à rompre ses relations commerciales avec l’UE. Il y a aussi la position réaffirmée de l’industrie pharmaceutique d’approvisionner en vaccin nombre de pays avant ceux de l’UE, qui n’en produisent pas tellement par eux-mêmes, parce qu’ils paient mieux que la Commission européenne. Cette position, de considérer que l’UE est un client de moindre intérêt, a également été celle du président Jair Bolsonaro du Brésil. Fatigué par les commentaires français sur la prétendue cherté du soja brésilien, Monsieur Bolsonaro a conseillé au président français, Monsieur Emmanuel Macron, d’acheter le  « Soja européen ».

De manière globale, et comme indiqué dans des articles avant de ce blog, les pays de l’UE enregistrent ces dernières années un camouflet après l’autre. Le résultat est que l’UE a une balance commerciale largement négative ailleurs dans le monde mais excédentaire avec nos pays africains. Toutefois, ce déficit des pays de notre continent avec l’UE est appelé à se réduire, puis à s’inverser, à mesure que la Zlecaf (zone de libre-échange continentale africaine) se met en place. Malgré cela, nous autres africains sommes très tolérants. Nous n’oublions évidemment pas que, entre autres, nos ex-colonisateurs européens ont fait commerce de nos aïeux comme des bêtes et se sont servis de nos ressources et de nos femmes à volonté sans la moindre contrition hier ou aujourd’hui. Mais, il suffirait qu’ils se montrent un peu plus humains en reconnaissant leur responsabilité d’avoir commis les forfaits que les pays africains et autres leur reprochent pour tourner définitivement cette page noire de leur histoire et démarrer une autre page de collaboration avec nos pays du sud. En fait, il y va même de leur intérêt car, pour reprendre l’exemple plus haut de la vieille aristocrate, le « staff équivalent », de celui indiqué dans l’exemple plus haut, qui serait à même de sortir l’UE de sa descente progressive aux enfers, ne peut être ni l’Amérique ni l’Asie qui ne trouvent plus, d’après nos longues observations, grand intérêt à pérenniser leurs échanges avec l’UE selon le mode actuel. En effet, si le marché commun UE de la libre circulation des personnes et de biens montre des signes d’essoufflement irréversibles ces derniers temps, les experts relèvent également que l’Euro, un autre ciment de pays de l’UE et leur moyen favori de paiement, a été bâti sur des structures brinquebalantes dès le départ. En somme, le fait de maintenir coûte que coûte cette devise en dehors des règles admises pour le support d’une monnaie ne fait que grossir le cataclysme qui finira inéluctablement par se produire avec des répercussions funestes y compris sur l’Allemagne, considérée jusqu’à présent comme le joyau industriel de l’UE.

Or, les européens, qui ne cessent de frapper à la porte de l’UA (Union Africaine) pour nous pousser à formaliser avec eux un nouvel accord pour nos échanges, savent plus que quiconque que nous représentons en quelque sorte le remède qu’ils souhaitent pour leur rétablissement. Un continent riche en ressources minières, halieutiques et agricoles, avec plus de 50 pourcent des terres arables en friche à l’échelle de la planète, peut potentiellement subvenir à ses besoins et largement aider ceux de ses voisins dans le besoin immédiat ou à venir. Pour le moment, l’UA est dans le mode du « wait and see ». Mais, comme préalable, l’UE doit abandonner ce que Monsieur Yoweri Museveni, président de l’Ouganda, a qualifié, dans une interview de mi-février au Der Spiegel, « l’attitude arrogante des européens ». Dans ce sens, les pays de l’UE doivent changer de comportement assez vite car, à commencer par le Maroc et en allant plus loin en Afrique, nous aussi nous n’aurons bientôt plus besoin des services des européens pour nos échanges et notre prospérité.

Sous ce rapport, après l’indépendance officielle du Maroc de la tutelle visible de la France, nombreux ont été les marocains de confession juive (ci-après la Grande élite nationale) qui ont choisi d’émigrer vers Israël et ailleurs. Considérant les informations glanées sur les 35 dernières années de notre travail d’expertises d’abord en tant que haut responsable d’un Groupe pharmaceutique marocain, ensuite comme expert judiciaire pour le secteur agro-industriel et, par ailleurs, compte tenu de mes nombreux échanges avec feu mon ami, Monsieur Paul Pinhas Abergel (que Dieu ait son âme), cheville ouvrière de la composante de Casablanca de la Grande élite nationale; l’explication plausible, selon nous, de cette émigration d’il y a une soixantaine d’années tient vraisemblablement au fait que la Grande élite nationale a très probablement compris avant nous autres que, en somme, la France avait simplement « reculé pour mieux sauter ». Autrement dit, le colonisateur aurait fait sortir ses soldats et mis en place dans un schéma bien étudié d’autres responsables civils, accompagnés, de manière plus ou moins élaborée, par ses organes sur place dont la CFCIM (Chambre Française de Commerce et d’Industrie au Maroc). Il est utile de souligner à ce niveau que la CFCIM comprend des centaines d’employé(e)s ce qui est évocateur de l’importance que la métropole accorde à son agence de Casablanca. Mais, dans ce nouveau schéma directeur pour asseoir les prérogatives néocoloniales parisiennes sur notre économie, il y a peu de place pour les citoyens marocains qui veulent aider leur pays comme c’est l’aspiration des membres de la Grande élite nationale; ce qui les a poussés à se mettre en retrait provisoirement, en s’expatriant, en attendant de meilleurs jours pour intervenir.

Aujourd’hui, ce moment est venu et notre souverain, le Roi Mohammed VI, a été on ne peut plus clair sur la volonté du Royaume d’aller vers un nouveau modèle de développement pour nous permettre de recouvrer notre souveraineté sur l’ensemble des activités économiques essentielles de notre pays. Parmi ces activités, il y a le secteur agro-industriel. Sur ce plan, l’expertise israélienne, reconnue par tout le monde, est incontestable. Dans ces conditions, les ingénieurs et autres professionnels de la Grande élite nationale marocaine, qui font à présent également partie du génie israélien, sont chaque jour plus nombreux à manifester leur volonté de regagner leur pays d’origine pour répondre à l’appel de notre souverain pour faire redonner au Royaume la place qui lui revient dans le concert des nations. Cela servira dans le même temps d’exemple à d’autres pays frères et amis africains et du Moyen-Orient.

Il nous plait de rappeler ici que les professionnels israéliens, dont une bonne proportion est constituée par des membres de la Grande élite nationale marocaine, ont apporté un grand soutien aux européens il y a cinquante ans déjà en rendant accessible de la bonne nourriture, dont le poulet et le filet de dindonneau, à des franges de leur population à revenu réduit.  Même que les produits de cette bonne nourriture ont été obtenus sur une terre largement aride et loin de la fertilité et des ressources en eau dont bénéficie l’agriculture européenne ( voir ici ).

Dans la mesure où la paupérisation croissante de la population UE est à présent une réalité qui ne souffre plus de doute et, sachant que les possibilités halieutiques, agricoles et en d’autres ressources minières du Maroc constituent un potentiel cumulé qui le place parmi les dix premiers pays de la planète, il est plus que certain que les pays de l’UE, nos voisins immédiats, auraient toutes les chances, s’ils le souhaitent, de bénéficier de l’Afrique qui émerge avec l’avancement de la mise en place de la Zlecaf. La Grande élite nationale marocaine, qui a aidé à améliorer le pouvoir d’achat de nourriture de la classe besogneuse européenne il y a un demi-siècle depuis Israël, sera dans les mois et années à venir prête à recommencer cette opération en mieux depuis le Royaume du Maroc, leur pays d’origine.

Dans cette perspective, l’apport de la diaspora africaine, qui comprend justement nos concitoyens marocains établis en Israël et ailleurs, sera prête pour aider à éviter à l’« Empire UE » les effets dévastateurs du flétrissement qui impacte lourdement à présent le vieux continent au vu et au su de tous.

Quelle relation Afrique / UE post-Covid ?

Au milieu des années soixante-dix du siècle passé, le Directeur Général de Nestlé à l’époque avait donné une conférence de presse à Berne (Suisse), à laquelle j’avais assisté, pour répondre à des interrogations d’ONG relatives au lait en poudre (pour bébés) commercialisé en Afrique. Il avait d’abord indiqué combien il était fier d’avoir commencé son travail dans la multinationale helvétique en bas de l’échelle comme apprenti avant de gravir les échelons pour en devenir le premier responsable hiérarchique. Depuis ce temps-là, à Nestlé comme ailleurs, les grands décideurs au sommet des grands groupes ont presque exclusivement été recruté.e.s parmi des financiers, parfois sans connaissance intrinsèque de l’activité industrielle qu’ils étaient appelé.e.s à gérer. Et ce nouveau type de dirigeants continuent d’avoir en commun le motto du profit coûte que coûte, pour les actionnaires d’abord, même s’il faut dégraisser le nombre d’employés à volonté pour satisfaire à ce but. Cela a marqué, en somme, le point de départ de la financiarisation de la société qui touche aujourd’hui une grande partie des entreprises mondiales, particulièrement celles de nos voisins européens, qui sont aussi nos ex-colonisateurs*.

* : Nous comprenons par colonisateur dans cet article, l’un ou l’autre des pays européens qui ont colonisé des pays africains. Pour nous au Maroc et en Afrique de l’ouest, il s’agit principalement de l’Etat français.

Le « magma du profit coûte que coûte » baigne à présent, de manière plus ou moins prononcée, l’essentiel des activités des secteurs privés partout dans le monde et, pour certains pays du côté nord  de la méditerranée, comme vient de le dévoiler la crise du Covid-19, la « devise du gain facile et immédiat » est en passe de les engloutir dans une crise existentielle dont ils mettront probablement beaucoup de temps pour s’en remettre. Il est vrai que celui qui cherche le profit et uniquement le profit finit par acquérir un esprit opportuniste et mercantile qui consiste à investir le minimum possible pour récolter rapidement le maximum qu’il peut. Sous ce rapport, dans les années quatre-vingts du siècle passé, exerçant alors comme responsable au sein d’un groupe pharmaceutique de la place de Casablanca, j’ai pu constater que des commandes de principes actifs médicamenteux, libellés conformes à des pharmacopées de grands pays européens, étaient approvisionnés de Chine directement au Maroc, parfois sans même transiter par le pays au nom duquel la certification était accordée. Le recoupement occasionnel du prix de vente départ et celui qui nous était facturé par le Broker (négociant) européen laissait apparaître des marges substantielles pour ce dernier. Ce mercantilisme qui consiste en la redistribution du « made in china », ou d’un autre pays hors Europe, en le bricolant pour le faire paraître comme « made in EU », prétendument « au-dessus de tout soupçon »,  doit s’être révélé extrêmement juteux, rapide, facile et sans risque, au point que des pays de l’UE ne voyaient plus d’intérêt (financier) à fabriquer quoi que ce soit chez eux.

Comme suite, à l’éclatement du Covid-19, plusieurs pays UE ne savaient déjà plus comment on fabriquait un masque facial, ou bien un respirateur artificiel ou tout autre matériel qui aurait pu contribuer à ralentir la pandémie. De plus, le frein brutal des échanges internationaux a également mis en évidence la dépendance UE sur nombre de médicaments, approvisionnés auparavant de Chine, devenus tout d’un coup rares ou introuvables dans des pharmacies européennes comme le paracétamol par exemple. Des pays européens ont alors commencé à répéter à l’unisson leur volonté de retrouver leur souveraineté de fabrication sur nombre de produits pour faire face aux crises potentielles à venir. Dit autrement, l’UE a semblé redécouvrir, à l’occasion de cette pandémie, les vertus de l’économie réelle et mesurer l’étendue de la misère de la désindustrialisation où les a conduit une financiarisation mercantiliste de leur économie dans le but de gain rapide par spéculation.

Il est utile de rappeler que ces gains financiers colossaux, qui sont eux réels, qui ont profité aux sociétés européennes, ont été réalisés principalement sur le dos de nos entreprises africaines.

Mais ce retour de bâton à la face des européens, généré par l’absence de préparation de l’UE face au Covid-19, n’aura pas été pour déplaire à la Chine qui voit enfin la balance du travail sérieux et crédible pencher en sa faveur.

En réalité, ce ne sont pas uniquement les chinois et leur travail qui sont traités avec condescendance par les européens. Nous aussi, et notre travail en Afrique, subissons le même type de dénigrement. Alors, à la veille du lancement de la Zlecaf (zone de libre-échange continentale africaine) ce premier Janvier 2021, il peut être utile pour nous de nous inspirer de la démarche chinoise, qui leur a permis d’affirmer magistralement leur crédibilité vis-à-vis des occidentaux, pour  nous guider à atteindre ce même but de crédibilité à notre tour.

Ce qui plaide en notre faveur c’est que nous disposons de nos matières premières sur place en Afrique et leur valorisation est uniquement une question de volonté que les responsables qui président à la destinée de la Zlecaf doivent s’y être attelés à présent pour en cerner les contours. Au premier rang de ces éléments à définir il y a les règles d’origine qui représentent un aspect clé.

Bien évidemment, si nous fabriquons des produits alimentaires, c’est pour les consommer nous-mêmes et les vendre aux autres. Mais pour exporter, il faut respecter des normes sanitaires et phytosanitaires exigées par le Codex Alimentarius. C’est là où le bât blesse, car  si l’UE fait passer ses propres normes avant celles du Codex, le continent africain dans son intégralité n’a pas produit de normes propres à ce jour sur lesquelles s’appuyer pour revendiquer une souveraineté à notre tour. Le fait de considérer que le colonisateur UE a tout fait pour nous empêcher d’atteindre ce but est à présent de l’histoire ancienne. Dans le même temps, il faut reconnaître que nous restons encore tributaires de l’accréditation de leurs organismes privés qui plument parfois éhontément nos entreprises africaines avant de leur délivrer le certificat nécessaire. Cela permet en parallèle à nos ex-colonisateurs de tout savoir de notre travail et de contrôler l’ensemble de notre Business. Ce n’est pas la colonisation par les armes, mais c’est le colonialisme économique, sournois et pernicieux et dont il est autrement plus compliqué de s’en défaire.

Mais en y regardant de plus près, peut-être que c’est moins compliqué qu’il n’y parait de reprendre notre souveraineté sur nos économies, particulièrement dans le secteur agro-industriel qui est la priorité du moment pour nous en Afrique. Les responsables sur l’avancement du travail de la Zlecaf trouveront sûrement un modus vivendi pour la coopération sur la base des normes Codex et autres référentiels internationaux. Restera alors la question de l’accréditation et/ou certification de nos entreprises privées pour qu’elles exercent pleinement leurs activités de production et d’export.

Sous ce rapport, le concept d’accréditation, ou de son corollaire la certification, repose sur deux principes, le Savoir et la Crédibilité. Aujourd’hui, le savoir relatif à la transformation industrielle de produits alimentaires, à quelques rares exceptions, se trouve dans le domaine public et accessible à tous. Il n’y a qu’à faire un petit tour dans le site de l’USFDA (US Food and Drug Administration), ou bien du Codex Alimentarius pour s’en convaincre. Par contre, la crédibilité, c’est-à-dire la reconnaissance du côté sincère et réglementaire d’un document émis (certification ou autre), est une qualité que le signataire de tels documents acquiert par le travail sérieux et solide sur le long cours.

Or, des responsables politiques chez-nous au Maroc, dont certains parmi eux se sont enrichis en étant fonctionnaires de l’Etat, ou bien de l’économie de rente et/ou de spéculation, aiment dresser un tableau rose de nos secteurs d’activités, au premier rang desquels il y a le secteur agro-industriel. Selon notre opinion, la situation au Maroc, en particulier, et probablement dans de nombreux autres pays de notre continent, est alarmante à ce sujet. Dans le sens où si l’entreprise privée, conçue pour faire du profit, est susceptible de se prêter à d’éventuelles dérives pour faire davantage d’argent au mépris de la loi, et que la certification de son travail et/ou de ses produits peut se justifier aux yeux des organismes de tutelle, il est par contre bizarre que des organismes officiels (de l’Etat) chez-nous, comme l’ONSSA (Office National de Sécurité Sanitaire des Aliments)  ou le LOARC (Laboratoire Officiel d’Analyses et de Recherche Chimiques) se fassent certifier par des organismes privés étrangers. Alors que dire quand un pays comme le Maroc prétend montrer la voie du travail correct à d’autres pays de notre Continent considérant que sur le plan de la crédibilité il a encore un statut de mineur.

De plus, les organismes certificateurs UE dont il s’agit subordonnent la délivrance de leurs certificats à l’adhésion stricte aux normes UE. Or, ces normes européennes, qui traitent de tout et de son contraire, ne sont ni gravées dans le marbre ni incontestables. Par exemple, les anglais veulent les abandonner à partir de Janvier prochain, date effective de sortie de la Grande Bretagne de l’UE (Brexit), pour reprendre leurs propres normes qui ont tout de même constitué le socle sur lequel les normes ISO ont été construites.

La Chine de son côté travaille selon les normes USFDA, jugées plus fiables et objectives. Sous ce rapport, si les européens reconnaissent à présent (du bout des lèvres) la fiabilité des matières premières approvisionnées à partir de la Chine, ils sont encore loin d’accepter la pertinence de l’empire du milieu dans les disciplines biologiques. Sinon, ils auraient placé des commandes du vaccin chinois comme ils l’ont fait pour d’autres. Mais, ils craignent vraisemblablement qu’un tel acte validerait de facto l’avance considérable dans le domaine de la recherche scientifique médicale chinoise sur les européens qui devraient alors se contenter d’occuper une place en queue de peloton de leurs concurrents.

L’amère réalité est que les pays de l’UE sont de moins en moins compétitifs, de plus en plus spéculateurs, dont le rayon d’action commerciale de l’Euro se rétrécit jour après jour et qui se retrouvent aujourd’hui dans une situation qu’on ne leur envie pas. C’est l’ensemble de ces raisons qui doivent les avoir poussés à frapper de nouveau à la porte de l’Union Africaine (UA) pour solliciter ce qui s’apparente à une demande de deuxième chance pour coopérer avec notre continent, supposément sur de nouvelles bases. L’UA n’a pas fermé la porte, mais par un courrier de mardi passé (à la veille de la dite réunion), l’Union a reporté une éventuelle discussion avec les européens sur l’année prochaine, le temps vraisemblablement d’étudier sur quels critères on doit se baser pour conclure que des gens qui sont restés des siècles en Afrique et n’ont laissé derrière eux qu’analphabétisme et misère peuvent être considérés aujourd’hui comme guéris de leur cupidité et esprit spéculatif qui caractérise l’ère coloniale.

Le Maroc, Hub de toutes les convoitises

Une des critiques récurrente faite aux Etats Unis, reprise Mercredi passé dans les colonnes du « China Daily », sous la plume d’un expert des finances internationales Dan Steinbock, est que « Contrairement à tout autre pays, les États-Unis peuvent imprimer de l’argent à un coût négligeable et l’utiliser pour acheter des biens et des services dans le monde entier ». Ce type d’analyses, évoqué de temps à autre depuis la création à Bruxelles en 1973 du SWIFT (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication), est supposément une des raisons à l’origine du lancement, après la chute du mur de Berlin et l’effritement du Bloc soviétique, de la monnaie partagée, l’Euro, par l’Europe continentale.

Au jour d’aujourd’hui, l’ambition de l’UE (ci-après le Conglomérat) d’un Euro qui déplacerait le Dollar a fondu comme neige au soleil.

Au contraire de l’Europe continentale, la Chine, qui est dans une phase ascendante de sa puissance économique et industrielle, ne semble pas craindre une compétition avec les USA ; Mais l’Empire du Milieu ne parait pas nourrir une prétention immédiate de remplacer le Dollar par leur monnaie, le Renminbi.

Il  est utile de rappeler ici que, depuis la nuit des temps, avant, pendant et après l’Empire Romain, le Leadership, d’une personne ou d’un Etat, était gratifié par des avantages en signe de reconnaissance et de gratitude en regard des accomplissements du Leader. Sous ce rapport, la France serait restée sous occupation allemande pour longtemps, peut-être à ce jour, sans l’intervention américaine en 1944. Aussi, l’ancienne République Fédérale Allemande (RFA), aurait probablement eu beaucoup de peine à voir le jour, au lendemain de la deuxième Grande Guerre, sans les aides et assistances généreuses et massives des américains. En lieu et place, il y aurait possiblement eu un pays communiste, à l’exemple de l’ex-RDA (République Démocratique Allemande), qui aurait eu une destinée à l’opposé de ce qui caractérise la prospérité germanique actuelle.

Les allemands le savent et, de fait, ils ont été très reconnaissants aux américains qui ont contribué à faire de l’Allemagne d’après-guerre le monstre sacré de l’export des machines-outils dans le monde entier. Et le Leadership américain sur les plans militaire et économique sur les pays de l’économie libérale était largement accepté par les européens depuis la deuxième guerre mondiale. Il s’est même renforcé avec l’adhésion formelle de pays occidentaux à la création du SWIFT qui a au départ propulsé le Dollar au premier rang des transactions financières internationales.

Aujourd’hui, l’Allemagne, en intelligence avec la France et autres, affichent ostensiblement leur volonté de prendre leur distance avec leur mentor traditionnel américain. Plusieurs interprétations sont possibles pour expliquer ce retournement de situation inédit dans les relations transatlantiques et qui nous impactera également en Afrique.

Parmi les hypothèses, il y en a une qui emporte davantage notre adhésion.

A mesure de la perte de leurs anciennes colonies, les pays du Conglomérat UE, habitués pendant des siècles à récolter sans gêne le fruit de travail des autres, mais qui manquent cruellement de Matières Premières sur leur espace réduit, ont pris de plus en plus conscience d’être globalement sur le déclin et constaté qu’ils perdaient progressivement pied dans la course à la compétition internationale tous azimuts. Il n y a qu’à penser à leur retard avéré sur la « 5G », la voiture électrique, les technologies de l’information, l’Intelligence artificielle, la course à l’espace, la gestion des pandémies et j’en passe. Et, effectivement, la généralisation des outils informatiques, dont l’Internet, qui a mis la disponibilité de l’information au bout d’un Clic, a contribué à révéler au grand jour les ficelles des pratiques d’optimisations commerciales et industrielles du Conglomérat UE sur le dos d’opérateurs asiatiques et américains. Nombre d’organismes UE dérivent de la pratique du « Copier/coller » sur des organismes américains. Par exemple, la création de l’EFSA (European Food Safety Authority) a été faite sur la base d’informations et d’expertise largement fournies par l’USFDA (United States Food & Drug Administration). Aussi, l’ECDC (European Centre for Disease Prevention and Control) est directement inspiré du CDC (Centers for Disease Control and Prevention) américain.

Sur le plan commercial, les exemples de produits et/ou articles fabriqués dans des pays asiatiques, Chine en particulier, reconditionnés ensuite et étiquetés comme d’origine européenne avant d’être expédiés pour distribution en Afrique sont nombreux (nos archives).

En privilégiant le recours à ce type de pratiques spéculatives qui génèrent des gains faciles et rapides, le Conglomérat UE est devenu, en somme, une grande plaque tournante d’optimisations commerciales (mercantilisme).

 Il est donc permis de penser qu’au-delà des recommandations imposées par la pandémie de Covid-19, les restrictions sévères, imposées actuellement en parallèle par les USA et la Chine à la venue d’européens continentaux chez eux, sont peut être également motivées par le souci de freiner l’enthousiasme effréné du Conglomérat UE pour le « copier/coller » du travail des autres.

 Ces restrictions évoquées, parmi d’autres, qui viseraient à réduire drastiquement les opportunités du Conglomérat UE de détourner les résultats des autres pour les revendiquer comme les leurs, devant les africains et ailleurs, ont probablement été largement suffisantes pour pousser l’Allemagne et consorts à vouloir se détourner du Leadership américain.

Comme conséquence, les faiblesses commerciales et industrielles européennes sont très rapidement remontées en surface au point que les dirigeants des différents pays UE sont devenus très volubiles sur les efforts industriels et commerciaux à faire par les « pays du vieux continent » pour retrouver leurs souverainetés sur nombre de secteurs d’activités industrielles et de services. Ces « souverainetés » semblent effectivement  avoir été sérieusement endommagées sur de nombreux plans par les compétiteurs internationaux.

En fait, si les américains ont été les premiers à prendre conscience du plagiat généralisé des pays UE à l’égard du savoir-faire US et, depuis des années déjà, se sont efforcés de limiter les tentatives du « Copier/Coller » en réduisant les contacts des officiels US avec leurs homologues européens ; les chinois semblent à présent suivre cette tendance.

Et, de manière concomitante, les africains apprennent en écarquillant les yeux que, en contradiction des prétentions soutenues par les européens, qui qualifient le « vieux continent » comme le centre de l’Innovation universelle, les pays de l’UE sont en définitive autonomes sur peu de choses à part l’impression de l’Euro.

Le corollaire de ce constat est que le Conglomérat UE, dont les échanges sont déficitaires partout ailleurs sauf avec nos pays africains, a plus que jamais besoin de s’accrocher à ses échanges asymétriques avec notre continent, imposés  chez-nous jadis par la force depuis l’ère coloniale.

Et la voie incontournable pour continuer ces échanges, certainement après leur rééquilibrage, est par route à travers le Maroc.

Tout laisse penser que le Royaume, appelé à devenir le Hub de toutes les convoitises, en est bien conscient et a décidé d’accélérer la réalisation d’une voie express reliant Agadir à la frontière mauritanienne sur plus de 1500 Km.

Mais que l’UE le veuille ou non, elle doit dorénavant faire avec une compétition planétaire pour le privilège de faire des affaires avec l’Afrique et, dans le même temps, avec la prise de conscience de notre continent qu’il en a assez de jouer le rôle de vache à lait pour les européens qui doivent payer à partir de maintenant le juste prix pour s’assurer notre coopération.

Sur le même sujet des échanges asymétriques, et pour mettre fin à cette habitude de venir chez-nous avec des normes sanitaires faites sur mesure pour servir les buts du Conglomérat UE aux dépens  de nos propres intérêts, le Maroc semble privilégier dorénavant la collaboration avec le PNUD (Programme des Nations unies pour le développement)  pour mettre en œuvre de nouvelles normes plus objectives, que les partenaires du nord de la rive méditerranéenne devront observer à l’avenir sous peine de poursuites devant la loi.

Le Royaume devrait continuer sur cet élan qui ne manquera pas de mettre du baume au cœur d’autres pays frères et amis africains pour qu’ils prennent leurs précautions à leur tour et exiger des échanges équilibrés à l’avenir dans leur coopération avec les autres pays à l’international.

Les gagnants de Covid-19 et les autres

La Covid-19 n’a pas fini de faire parler d’elle. Dernièrement, les médias ont rendu compte d’un haut fonctionnaire allemand, et lanceur d’alertes (suspendu depuis de son poste de travail), Monsieur  Stephen Kohn, qui a divulgué à la presse le rapport d’un groupe de scientifiques  allemands dans lequel ces derniers dénoncent la pandémie de Covid-19 comme une «fausse alerte mondiale» et remettent en cause le bien-fondé des mesures de confinement. Le rapport affirme, entre autres, que le nombre des décès dus au Covid-19 aurait été inférieur à celui occasionné par la vague de grippe de 2017/18. Et le rapport en déduit que la pandémie de Covid-19 aurait été largement surestimée.

Venant après les déclarations négatives du Président Trump sur le manque de crédibilité de l’OMS, et en l’absence d’une réponse de l’organisme onusien, le rapport susvisé  soulève bien des questions au sujet des responsables de l’OMS à défendre la crédibilité de l’institution et le bien-fondé de leur gestion de la pandémie de Covid-19.

En somme, comme cela fût le cas lors de l’apparition du VIH (Virus de l’Immunodéficience Humaine)   au début des années quatre-vingt du siècle passé, le débat entre scientifiques sur les différentes facettes sanitaires de Covid-19 continuera probablement dans les années à venir avec l’espoir d’y voir un jour un peu plus clair  (voir ici).

Mais une chose ne fait pas de doute ; l’impact direct du VIH, virus du SIDA (Syndrome d’Immunodéficience Acquise), n’a pas donné lieu, au moment de son apparition il y a quarante ans, à un dérangement notable des  secteurs économiques et de commerce. Par contre, la Covid-19 a entrainé ces derniers mois un chamboulement, jamais observé avant en temps de paix, de l’ensemble des règles de travail dans la plupart des secteurs d’activités à l’échelle de la planète toute entière. L’industrie aéronautique a subi la plus grave crise de son histoire. Dans le même sens, le transport de marchandises a été fortement perturbé suite à la fermeture par de nombreux pays de leurs frontières. La première conséquence de ces perturbations, et autres dysfonctionnements,  a été la réduction de travail dans des dizaines de milliers d’entreprises des pays impactés, parfois leurs fermetures définitives, avec la perte de centaines de milliers d’emplois dans les secteurs du tourisme, de la logistique et ailleurs. Ceci, bien évidemment, en plus de la terrible congestion, non connue de par le passé, de centaines de centres hospitaliers à cause d’un afflux massif de patients en état de détresse respiratoire aigüe.

Face à cette catastrophe inédite, certains pays ont mieux répondu que d’autres. Et les réponses appropriées n’ont pas toujours été observées dans les pays dits développés comme cela est habituellement le cas dans de pareilles circonstances. Par exemple, le Maroc, pays africain, a reçu des éloges et a été cité en exemple pour sa gestion de la pandémie de Covid-19 par nombre d’autres  pays dits développés.

En fait, en y regardant de plus près, il apparait que notre pays se préparait depuis un bon moment déjà pour faire face à un désastre de cette nature. Effectivement, le Maroc a pris conscience depuis des années maintenant que notre modèle de développement, hérité du protectorat et dont les principes de base ont été maintenus jusqu’à nos jours,  faisait de nous une société de consommateurs dociles et serviles, servis principalement par une élite locale nourrie commercialement en bonne partie de la main de nos « ex-protecteurs ». Cette élite, très minoritaire mais particulièrement active, a pris fait et cause pour les thèses de nos ex-colonisateurs et milite pour le maintien avec l’ex-Métropole d’abord, et les pays de l’UE ensuite, du statu-quo dans nos échanges très asymétriques héritées du temps de la colonisation.

Dans cet esprit, chaque fois qu’un problème a surgi, l’élite susmentionnée, comprenant une partie de hauts fonctionnaires de notre administration publique, s’est tournée vers les pays européens pour quémander une réponse toute prête. Cela a consisté souvent en des solutions testées ailleurs et, pour la plupart du temps, ne correspondant pas à nos réalités sur le terrain et donc vouées généralement à l’échec. Ceci n’empêche évidemment pas que l’assistance en question soit payante, en devises et au prix fort.

La résultante de tout cela est une sorte de condamnation du Maroc, et c’est supposément le cas pour d’autres pays africains, à faire du sur place au lieu de progresser. De plus, en acceptant de brader continuellement nos Matières Premières pour survivre et importer au prix forts leurs produits finis et leurs services, nous avons assisté, et contribuer passivement en quelque sorte, à une paupérisation croissante de nos populations.

Notre souverain, le Roi Mohammed VI, ayant pris la mesure de cette problématique, a ordonné l’élaboration (en cours) d’un nouveau  modèle de développement où les marocains prendraient davantage leur destin en mains. Depuis, il y a un consensus national sur le fait que le modèle de développement qui a encadré le travail du Maroc jusqu’à présent nuit à notre souveraineté et profite essentiellement à des donneurs d’ordre européens. En deuxième rang, le système profite également à leurs soutiens sur place chez-nous qui ont développé une dépendance maladive pour l’économie de rente.

Sur ce, au moment où sont apparus les premiers signes de la pandémie, la réflexion sur la mise en œuvre d’une réponse appropriée, mais maroco-marocaine, était bien avancée ce qui a permis de produire et mettre sur le marché aussi bien des masques que des respirateurs artificiels et autres produits sanitaires en « Made in Morocco » dans un temps record. Une partie de ces produits continue d’être exportée sur le marché mondial.

Par ailleurs, les perturbations de la Covid-19 ont confirmé que le voyage des gens et les échanges de marchandises n’ont jamais été aussi denses que dans le monde globalisé que nous vivons actuellement. A ce propos, nombre de chercheurs reconnus pensent que les impacts de la pandémie de Covid-19 se feront sentir dans les nombreuses années à venir. Par exemple, Yoichi Funabashi, ancien rédacteur en chef du journal Asahi Shimbun à grand tirage japonais, et président actuel de l’Initiative Asie-Pacifique, pense que « À un moment donné, la crise de COVID-19 prendra fin. Mais comme ce fut le cas avec les première et deuxième guerres mondiales, la fin de la crise ne marquera pas un retour à la normale. Elle signalera plutôt l’avènement d’une nouvelle normalité ».

Ainsi, de la même manière que les règles mises en place après la deuxième Grande Guerre (qui ont toujours cours aujourd’hui) étaient très différentes des règles en vigueur avant la dernière Grande Guerre, les règles nécessaires à mettre en place après la Covid-19 seront différentes de celles actuellement en vigueur. Mais les règles (en vigueur) d’aujourd’hui, en place depuis plus de sept décennies, sont celles-là mêmes qui favorisent les pays de l’UE et nous maintiennent nous autres africains dans un état de subalternes. Il semble donc inconcevable que nos voisins du nord de la méditerranée puissent accepter sans résistance la mise en place de nouvelles règles post-covid-19 qui seraient en faveur de nous autres africains. La lutte pour ce changement ne fait donc que commencer.

Mais le Maroc, pays qui revendique haut et fort son africanité, qui n’a pas fini de se réjouir d’être cité en exemple de gestion de la Covid-19, laquelle gestion a mis à nue les contradictions et les faiblesses  des européens dans le management de la même pandémie, en dépit de leurs grands moyens, n’est certainement pas prêt à revenir sur ses décisions de gérer nos affaires par nos moyens propres. C’est d’ailleurs le souhait de tout état africain de faire de même. Il est en découle que le Maroc hérite à présent du devoir de continuer ses efforts de « distanciation physique » d’avec nos amis européens pour asseoir sa personnalité africaine propre qui peut servir d’exemple à d’autres pays frères et amis de notre continent.

Selon notre opinion, la prochaine étape dans cette démarche devrait porter sur des efforts pour la mise en œuvre de normes spécifiques à nos secteurs africains de l’agroalimentaire. Sous ce rapport, l’excellent travail fait antérieurement par la Chine et l’Inde dans le secteur des médicaments peut nous servir d’exemple. Ces deux pays, en particulier, ont forcé les lobbies industriels des pays occidentaux à limiter dans le temps la validité des brevets qu’ils ont définis à leurs produits pharmaceutiques pour le commerce. Cette victoire leur a permis, une fois les produits en question tombés dans le domaine public, d’en fabriquer des génériques portant leurs propres marques qu’ils promeuvent sur le plan commercial partout dans le monde.

S’agissant des normes pour le commerce international des produits agroalimentaires, relevant des prérogatives réglementaires mondiales du Codex Alimentarius, le Maroc, comme d’autres pays africains qui sont membres de l’organisme onusien, peut se servir de ces normes Codex pour les adapter aux règles propres de son marché intérieur et des conditions de ses citoyens consommateurs. En mettant les efforts de nos pays africains en commun dans ce sens, il sera possible de concevoir nos propres normes, formulées sur la base de celles du Codex, qu’il y aura lieu de mettre à la disposition des futurs responsables de la Zleca (Zone de Libre-Echange Continentale Africaine) dont le démarrage est prévu pour ce mois de Juillet. Cela leur fournira un outil de travail pour leur permettre de dialoguer et négocier sereinement avec les autres parties du monde globalisé au nom des pays de notre continent.

Cela permettra dans le même temps de confirmer la place qui revient à nos nations africaines du côté des gagnants de la pandémie de Covid-19. Et cela nous autorisera donc à enseigner à ceux qui sont dans le besoin comment mieux gérer des épidémies qui ne manqueront pas de survenir dans l’avenir.

A quelque chose Covid-19 est bon

Ces derniers temps, des ouvrages1, 2 ont eu le mérite, en particulier, d’analyser sous un nouvel angle de vue les conditions dans lesquelles des pays africains ont accédé à leurs indépendances. Les auteurs se sont intéressés aux événements de la libération coloniale après la deuxième guerre mondiale et montrent, entre autres, que pour les empires coloniaux, après avoir formé des élites autochtones selon leur concept, ils pensaient le temps venu de remettre les rênes du pouvoir à des responsables locaux pour poursuivre sur le chemin qui leur a été tracé. Mais pour les militants africains, au contraire, l’indépendance a été obtenue de haute lutte. Le fait est que, s’agissant de l’aspect des échanges sur le plan économique et commercial, les ex-empires coloniaux n’ont jamais cessé de jouir jusqu’à aujourd’hui de privilèges considérables dans les échanges très biaisés qui lient nos pays africains à nos ex-colonisateurs européens. Et cette même situation a freiné jusqu’ici la possibilité pour nos pays de développer des échanges économiques et commerciaux ailleurs sur la planète. Vu sous cet angle, l’indépendance de pays africains des années cinquante et soixante du siècle passé semble avoir été tronquée.

Sur le même sujet, s’il est admis qu’après la deuxième guerre mondiale le monde a subi des modifications profondes — Les relations et les échanges internationaux devaient pour la première fois être basées sur le respect des règles de nouveaux organismes comme le FMI, l’OMC, le Codex Alimentarius et autres —, ce changement n’a pas modifié l’essence des liens commerciaux et économiques entre les empires-coloniaux européens et leurs ex-colonies africaines. Les règles en question, qui permettent des échanges très asymétriques entre nos pays africains et les pays européens, ont été régulièrement adaptées par l’UE mais uniquement dans l’esprit de perpétuer les privilèges issus de l’ère coloniale. La parole de nos dirigeants, si parole il y avait, était alors inaudible ou bien largement ignorée. Il faut tout de même dire que, équité mise à part, les colonisateurs européens n’avaient aucune raison de modifier des « rapports de coopération », avec des pays soumis, qui servaient extrêmement bien les propres intérêts de l’Europe coloniale. Au contraire, ils ont tenu par tous moyens à conserver ces privilèges économiques et de commerce acquis à l’origine par la force dans les relations qu’ils continuent de nous imposer depuis l’ère coloniale. Ensuite, l’UE a systématiquement saboté par un moyen ou un autre tout effort visant à remettre en cause les fondements asymétriques des échanges qu’ils maintiennent avec nos pays.

Pour le secteur agroalimentaire, cela a consisté, entre autres, à pérenniser un accès continu et sans réserve de l’UE à nos ressources naturelles. Dans ce but, une stratégie politique ad hoc a été mise en place dont la PAC (Politique Agricole Commune) et les milliers de normes logorrhéiques UE sont parmi les éléments saillants du dispositif. Ce quadrillage UE de nos richesses a été conçu pour résister supposément à toute épreuve.

Mais, apparemment, l’apparition de la présente pandémie (Covid-19), qui est en route pour perturber tout ce stratagème, ne faisait pas partie de l’analyse prudentielle des gouvernants européens.

Tout d’abord, depuis l’apparition du Covid-19 il y a quelques mois, le monde entier a pu observer que les règles habituelles de fonctionnement du marché commun européen (libre circulation des marchandises et des individus), tant vantées par le gotha de l’UE, sont différemment appliquées d’un pays à l’autre, ou bien simplement ignorées. Et la gabegie est telle que même les citoyens des pays membres du Bloc UE ont de la peine à comprendre ce désordre. Plus que cela, des pays africains à présent paraissent, et c’est une première, s’en sortir beaucoup mieux que les pays de l’UE pour ce qui est de la gestion de cette crise pandémique aussi bien sur le plan sanitaire (disponibilité des masques et autres équipements sanitaires) ou bien sur le plan de la logistique et l’approvisionnement des marchés (disponibilité des produits alimentaires en suffisance à des prix stables) ou bien même sur le plan purement sécuritaire pour faire respecter l’Etat d’urgence sanitaire ou bien le couvre-feu par le public. Sur ce chapitre, le Maroc est couramment cité en exemple à suivre par nombre de responsables français et des médias européens. La Chine, et non l’UE, a aidé dans cette nouvelle perception des choses.

D’un autre côté, selon l’avis de l’OMS et autres organismes de référence, le virus du Covid-19 devrait être là pour longtemps encore. Ces organisations nous rappellent que nous devons apprendre à « cohabiter » avec ce coronavirus non seulement parce que la présence du pathogène va s’inscrire dans la durée, mais aussi comme préparation de nos comportements pour affronter d’autres pandémies qui feront inéluctablement partie de nos modes de vie à l’avenir.

Pour dépasser ce type de fléaux, le monde a besoin d’expériences réussies pour les prendre comme modèles à suivre. Sous ce rapport, l’expérience européenne de gestion du Covid-19, jugée défaillante, ne vient à l’esprit de personne pour constituer un modèle de réussite. En effet, le nombre de décès, rapporté à la taille de la population, y est le plus élevé dans le monde ainsi que le nombre d’infections et le nombre de lits d’hôpitaux congestionnés par le taux élevé de patients en situation de stress respiratoire. A l’inverse, la gestion de la pandémie par les autorités marocaines a, comparativement, été bien plus efficace. En somme, l’Afrique n’a plus besoin de chercher ailleurs les principes d’efficacité, elle les a en son sein.

Ceci étant, et considérant les contraintes d’ordre économique, les européens devraient procéder dans l’avenir proche à la levée de l’état d’urgence sanitaire et du confinement. Après quoi, bon nombre d’entre eux voudront vraisemblablement revenir pour leurs séjours de loisir chez-nous qu’ils affectionnent tant. Si c’est le cas, cela posera probablement un risque sanitaire sur nous autres marocains. Sachant que la réalisation d’un vaccin contre un virus, compte tenu de la taille de la molécule, est un processus complexe qui prend beaucoup de temps, et contre le SARS-Cov-2 (responsable du Covid-19) cela demandera dans la meilleure hypothèse des mois sinon des années, nos responsables au Maroc devraient sérieusement réfléchir à subordonner la venue chez nous de touristes de l’Espace Schengen à la production d’un passeport immunitaire confirmé pour nous prémunir d’éventuelles infections supplémentaires.

A présent si, selon cette recette, nous serions en position de mieux garantir la sécurité sanitaire des marocains, la limitation de la venue d’européens chez-nous impactera négativement le cours de nos exportations vers ces pays. Nous devrions donc dès à présent penser à des alternatives pour maintenir nos activités d’export de produits alimentaires.

Sur ce plan, comme cette pandémie du Covid-19 l’a bien montré, la nourriture est en manque plus ou moins prononcé un peu partout dans le monde et cette insuffisance de l’offre ne demande qu’à être satisfaite. Il est vrai que l’Europe toute proche, juste de l’autre côté du détroit de Gibraltar, est avide de nos légumes et fruits frais qu’elle nous achète à des prix ridicules. Il faut aussi se rendre compte qu’il nous sera plus difficile d’écouler de façon profitable ce même type de marchandises sur des marchés plus éloignés en Asie et ailleurs. Mais si ces légumes et fruits étaient valorisés pour en faire des produits stables commercialement, nous pourrions les exporter partout dans le monde avec des plus-values beaucoup plus intéressantes. Alors, au moment où l’Etat marocain s’apprête à mettre la main dans la poche pour aider les entreprises nationales à redémarrer leurs activités productrices, nos autorités compétentes seraient bien avisées d’insérer parmi les critères d’éligibilité à l’aide de l’Etat l’exigence de valorisation des produits frais localement chez-nous.

Mais n’oublions pas que l’absence de visiteurs étrangers affectera également notre secteur du tourisme, l’Hôtellerie/Restauration en particulier. Il serait peut-être temps aussi de repenser la logique de travail dans ce secteur pour y faire venir des touristes d’autres régions du monde, Amérique et Asie entre autres, qui sont moins familiers avec notre pays. Une des faiblesses, selon notre opinion, du peu d’attraction de notre secteur touristique auprès des touristes en dehors de l’Europe tient au manque de respect des règles appliquées à ce marché très globalisé. En effet, les tours operators (TOs) de l’Amérique du nord et ailleurs ont une aversion du risque inconsidéré contre lequel ils ne peuvent pas souscrire d’assurance pour se couvrir en cas d’impondérables. Au sommet de la liste des éléments de risque à maîtriser par une assurance, il y a le danger d’origine sanitaire. Mais les assurances ne peuvent accepter d’assurer un TO en l’absence de certification HACCP de l’Hôtel/Restaurant qui recevra les touristes. Nos responsables concernés doivent savoir que le développement du tourisme anglo-saxon et asiatique est réellement tributaire d’une mise en place généralisée de certifications contre le risque sanitaire dont la plus en vue est la certification HACCP.

Considérant la pandémie en cours, en plus de la certification HACCP qu’il faudrait rendre obligatoire pour permettre aux TOs du monde entier de nous amener leurs clients, il y a lieu d’y ajouter dorénavant un complément de certification contre le risque du Covid-19.

1) Robert Gildea. Empires of the Mind: The Colonial Past and the Politics of the Present. Cambridge University Press, 2019
2) Britain, France and the Decolonization of Africa: Future Imperfect? Edited by Andrew W.M. Smith and Chris Jeppesen

Le Covid-19 rebat les cartes des pratiques commerciales

Dans le passé, des guerres très dures, meurtrières et très longues parfois, ont été faites aux noms de religions. Les guerriers ennemis en ces temps-là n’avaient pas peur de mourir car, les uns comme les autres, étaient persuadés qu’ensuite des places les attendaient au paradis.

Il semble que cela ne soit plus tellement le cas aujourd’hui car les religions n’exercent plus le même attrait sur la jeunesse. Les jeunes à présent tiennent davantage à la protection de leurs vies et ils ont des possibilités infinies de divertissement qui peuvent leur rendre la vie agréable. Ensuite, du fait qu’élever même un seul enfant à l’heure actuelle consomme beaucoup de temps, d’énergie et d’argent, les parents n’acceptent plus l’idée de perdre bêtement leur enfants dans un conflit armé.

En résumé, quelle que puisse être la cause ou le slogan de promotion d’une vie de soldat aujourd’hui, une  carrière militaire intéresse de moins en moins le jeune public.

Ceci étant, il y a lieu de rappeler que la guerre a eu parfois des vertus en mettant fin à des régimes barbares comme ce fut le cas pour le nazisme par exemple. Car l’être humain s’adapte, et des intérêts se créent, y compris sous les régimes barbares. Alors, pour provoquer un changement de progrès, la guerre a pu apparaitre, en tenant compte des sacrifices consentis, comme une solution qui apportait un bénéfice dans ce type de situation. Dans les faits, l’adversaire en passe d’être vaincu (nazisme ou autre) devait choisir entre déposer les armes et faire des compromis pour préserver ce qui restait de son pays ou bien risquer de perdre la vie. Dans ces circonstances, le choix est généralement vite fait en faveur de continuer de vivre. Et dans ce but, l’individu comme le pays vaincu peuvent faire de grandes concessions pour laisser place au  changement nécessaire.

Dans le même esprit, considérant que des organismes internationaux sont en arrêt d’activité de nos jours, ou  empêchés de le faire, ou bien devenus tout simplement caducs — comme l’OMC (Voir ici ) ou bien le Codex Alimentarius dont les règles sont fréquemment ignorées par des pays de l’UE et d’autres, ou bien encore certains Forums comme le « G7 » qui continue d’exister sans qu’un but précis puisse  le distinguer clairement etc. —, le monde de l’après-Grande Guerre n’aura jamais eu autant besoin de changement pour redémarrer sur des bases nouvellement définies. Peut-être que le Covid-19 (peu importe son origine) dont la présence est sentie par tout un chacun en ce moment, et avec lequel la population mondiale doit composer à partir de maintenant, peut constituer un facteur déclenchant de ce changement devenu impératif mais qui tarde à se concrétiser.

Dans ce cadre, et toute proportion gardée, le confinement imposé par le « Coronavirus », chez nous au Maroc, ailleurs en Afrique et dans le monde, semble être largement accepté avec l’espoir, en particulier, de sortir indemne de la pandémie pour reprendre une vie normale. A ce sujet, deux grands types de débats animent les médias pour le moment. Schématiquement, Le premier est d’ordre sanitaire (académique) et s’attache à comprendre comment le virus (SARS-CoV-2 ; Severe Acute Respiratory Syndrome Coronavirus 2) est apparu, s’est propagé ainsi que le risque qu’il fait courir sur différentes catégories d’individus. Les gens veulent également comprendre le degré d’efficacité des mesures prises par un Etat ou un autre pour se prémunir du danger et autres éléments sur le même objet. Sur ce chapitre, les médias nous bombardent quotidiennement de chiffres, de données et d’innombrables images circulent. Mais le recul manque en cet instant pour analyser tout cela et distinguer dans cette profusion d’informations ce qui est pertinent de ce qu’il ne l’est pas. Il semble donc que les informations médiatisées sur le volet sanitaire de la pandémie doivent être reçues — en attendant l’établissement réglementaire des protocoles mis en œuvre  qui sous-tendent les opérations qui génèrent ces données — comme étant des éléments provisoires qui doivent d’abord être laissés décanter avant une analyse correcte pour une quelconque conclusion à leur sujet.

Cela prendra sûrement un peu de temps, des mois voire des années, avant qu’un recul suffisant puisse permettre de conclure si le virus actuel aura été plus ou moins virulent (en termes de décès, de souffrance et autres aléas) que d’autres coronavirus avant lui, voire même par rapport à un virus de la grippe saisonnière.

Le deuxième type de débat a trait à l’impact de la pandémie sur différents secteurs (économique, industriel, logistique, loisirs etc.) qui entretiennent la vie active d’un pays. Nombreux parmi les problèmes qui se posent chaque jour nécessitent des mesures immédiates pour, par exemple, répondre aux besoins d’approvisionnement en nourriture, produits d’hygiène, médicaments et autres nécessités de la vie en société qui ne peuvent pas attendre. Sur ce plan, la pandémie semble avoir un impact comparable à celui d’anciens conflits armés. Ainsi, de nombreux européens, durement touchés par ce deuxième volet de la pandémie, comparent ce qui leur arrive à présent aux pénuries vécues (consignées) pendant la deuxième guerre mondiale. Ils font référence, en particulier, au rationnement de la nourriture qui leur était distribuée au compte-gouttes. A préciser que, contrairement à une large perception erronée, nombre de pays européens sont loin d’être autosuffisants, comme nous le sommes au Maroc par exemple, en légumes et fruits frais qu’ils doivent impérativement importer pour garantir une alimentation équilibrée à leurs citoyens. Peut-être que cette prise de conscience européenne contribuera à faire réfléchir les « citoyens UE » pour revoir leur échelle des valeurs. Car ayant été habitués à une abondance de nourriture bon marché depuis des dizaines d’années grâce au système de la PAC (Politique Agricole Commune) —  des aides intra-européennes de surproduction qui se sont révélées nuisibles pour nous autres africains  —,  ils ne se sont peut-être jamais posé la question de l’origine, de l’abondance ou bien de la modicité du prix de cette nourriture.

Autrement dit, personne ne les informe des contributions, plus ou moins forcées, de nos pays africains et autres, dans ce miracle de la vie de château que les européens mènent depuis longtemps à nos dépens.

Dans l’immédiat, et en attendant des répercussions que le Covid-19 ne manquera pas, selon notre opinion, d’imposer pour la refonte, entre autres, de certaines règles et/ou circuits du commerce international, les discussions vont bon train un peu partout dans le monde pour comprendre comment tout cela est arrivé. Ces discussions semblent être les plus animées au niveau des pays de l’UE. Et parmi les raisons des tensions en cours qui sous-tendent les échanges animés entre pays  européens vient le fait que peu de gens, y compris parmi les européens eux-mêmes, étaient en position de soupçonner l’état ahurissant de la non préparation de l’UE face à ce type de catastrophe. En effet, les pays européens qui ne cessent depuis des années de dénigrer la qualité des produits « made in China » pour décourager les africains de faire commerce avec ce pays, se retrouvent obligés de se renier et de se bousculer aux portes de la Chine, en compétition avec d’autres pays qui ont, pour ce qui est des USA, plus de « cash » pour l’achat d’articles sanitaires chinois (masques, kits de tests, respirateurs artificiels et autres) pour lutter contre le Covid-19.

A noter qu’en cette période, les chinois et autres pays asiatiques aident  concrètement (par du matériel) nos pays africains, qui les en remercient, à faire face au Covid-19 pendant que certains européens nous prodiguent des conseils gratuits et suggèrent de garantir nos demandes de prêts qui découleraient de la pandémie.

Par ailleurs, les répercussions extrêmement négatives de la pandémie sur la plupart des secteurs d’activité de l’UE a fini par stresser l’ensemble des européens en dressant les pays latins, davantage fragilisés par le Covid-19, aux pays d’obédience germanique également touchés mais ayant les reins relativement plus solides sur le plan financier. L’Italie et consorts (Espagne, France, Portugal, Grèce et autres) tiennent à ce que l’Allemagne et ses alliés dans ce bras de fer (Hollande, Autriche, Danemark, Finlande et autres) montrent plus de solidarité vis-à-vis des pays latins, c’est-à-dire acceptent le principe de contribuer financièrement au profit des pays européens du sud mais à fonds perdu comme le ferait, par exemple, l’Etat fédéral américain (auquel l’UE se plait à vouloir se comparer) au profit de ses propres Etats qui en auraient le plus besoin. Il est vrai que, dans la mémoire collective de ces pays du sud des alpes, ils se souviennent que sous l’impulsion des américains qui les ont libérés il y a 75 ans —  contrairement à ce qui s’est passé lors du traité de Versailles à la fin de la première guerre mondiale où l’Allemagne fut astreinte à de lourdes réparations économiques —, ces pays du sud ont été, à la sortie de la guerre, moins regardants sur les exigences de compensations allemandes pour les dommages qui leur ont été causés pendant la deuxième Grande-Guerre. Pour cette raison, entre autres, l’Italie tient à rappeler à présent ce fait aux allemands. Ensuite, l’Italie et consorts laissent entendre aussi, ce qui est vrai, que l’Allemagne est le pays qui a, davantage que tous les autres membres de l’UE, le plus profité du marché commun et de l’Euro et qu’à ce titre il serait juste que les allemands  contribuent un peu de leur poche pour les pertes cumulées que les pays latins ont subies, sur le marché intérieur européen, depuis le début de l’aventure des projets de l’UE et de l’Euro.

Davantage encore, bien que l’Italie et consorts n’osent pas le dire directement, vraisemblablement par peur de devoir rendre des comptes à leurs électorats, ces sacrifiés du « made in Germany » savent pertinemment que la dégradation de leurs économies va au-delà de la simple perte de compétitivité sur le marché intérieur UE au profit des allemands. Ils sont devenus non compétitifs également sur des marchés extérieurs à l’Europe tels que les marchés africains et autres. La raison dérive du fait qu’ils sont en concurrence sur des produits de moyenne gamme (produits de grande consommation, petits véhicules etc.) avec des pays comme la Turquie, la Chine et autres. Mais alors que ces derniers peuvent s’arranger pour déprécier leur monnaie et gagner en compétitivité, les pays de l’Europe du sud n’ont plus le moyen de le faire pour l’Euro, monnaie partagée. Et c’est justement là que  le bât blesse.

Ces problèmes intereuropéens sus-évoqués, et d’autres du même genre régulièrement mentionnés dans les médias de l’UE  comme le rabaissement (souvent injustifié) récurrent par les allemands de la qualité de travail dans les pays du sud, révèlent la profondeur du malaise qui est en train de ronger le Bloc européen de l’intérieur. Surtout qu’à présent tout le monde a en mémoire le scandale des émissions de Volkswagen qui a révélé que les allemands sont également des fraudeurs haut de gamme. Comme conséquence, le projet UE, dont l’Allemagne préside à sa destinée avec la France pour la tâche de « modérateur », construit autour d’un marché commun comme pilier central et l’Euro comme corollaire, tout cela emballé dans des normes privées sur mesure, a déjà commencé à s’effilocher avec le départ des britanniques à l’occasion du Brexit et continuera très probablement à se disloquer par l’éloignement progressif de l’Italie et consorts des autres pays d’obédience germanique.

Mais l’Europe a passé des épreuves plus sévères à l’occasion de plusieurs guerres dans le passé et saura se remettre sur pied après l’épisode du Covid-19.

A présent, la question qui intéresse ce blog est de savoir ce qu’il adviendra de nous en Afrique.

A ce propos, nous autres marocains avons noté avec fierté que nos responsables, encouragés par notre souverain, le roi Mohammed VI, ont fait preuve cette fois d’une grande sagacité pour une gestion efficace de la pandémie du Covid-19 que, selon des médias de l’UE, même des pays européens nous envient à présent. Sur ce, notre pays est également animé d’une grande volonté pour contribuer au décollage économique et industriel d’autres pays frères et amis africains. Mais comme dit le proverbe : « Charité bien ordonnée commence par soi-même ».

Sous ce rapport, quoique le Maroc soit bien lancé pour relever le défi du développement pour lui-même, il convaincra davantage ses pairs africains de la pertinence de son ambition comme  leader régional en montrant, par des initiatives exemplaires et appropriées, qu’il sait comment améliorer le travail pour le rendre plus efficace, plus fluide et nous rendre plus compétitifs à l’international, particulièrement sur les secteurs qui comptent pour l’Afrique au premier rang desquels il y l’agroalimentaire. Chez nous au Maroc, ce secteur est géré par la loi 28-07 de sécurité sanitaire des produits Alimentaires et placé au nom de la loi sous la tutelle de l’ONSSA (Office National de Sécurité Sanitaire des produits Alimentaires). La loi stipule que les produits alimentaires destinés aux marchés, local ou à l’export, doivent se conformer à la réglementation indépendamment de leur destination commerciale finale. Mais dans la réalité, si l’ONSSA répond à la loi concernant la surveillance des produits sur le marché local, cet organisme est surclassé par une autre administration, l’EACCE (Etablissement Autonome de contrôle et Coordination des Exportations), quand il s’agit d’exporter ces mêmes produits. Alors que la loi désigne nommément l’ONSSA comme responsable du contrôle de la sécurité sanitaire des produits alimentaires, le rôle de l’EACCE semble relever d’une redondance. Mais, dans la réalité, l’EACCE représente un boulet et donc un véritable frein au développement de notre export agroalimentaire. Les professionnels marocains du secteur savent comme quoi faire de l’export de produits agroalimentaires depuis le Maroc par les temps qui courent peut constituer un parcours du combattant.

Jusqu’à preuve du contraire ce n’est pas de cette façon que l’on peut gagner des galons de leader.

Ensuite, les pays africains souffrent de leur dépendance du marché UE qui s’essouffle de plus en plus et devient de moins en moins rémunérateur. Ils regardent vers le Maroc qui a conclu un accord de libre-échange avec les USA et semblent nous rappeler à nous marocains qu’après quinze années depuis la signature de ce précieux accord avec les américains, le temps est venu de le dynamiser au profit de nos opérateurs locaux pour en redistribuer ensuite le bénéfice sur l’ensemble de notre Continent à l’occasion du lancement pour bientôt de la Zleca (Zone de libre-échange continentale africaine). Nul besoin de rappeler que le marché US représente le plus grand marché du monde, qu’il est rémunérateur et devenu, après la promulgation de la nouvelle réglementation sanitaire FSMA (Food Safety Modernization Act), beaucoup plus rapide d’accès pour nos produits agroalimentaires africains.

Dans cet ordre d’idées, La présente note (article) est également pour confirmer à «Qui de droit » (au Maroc) que sur une grande partie des pays de notre Continent, l’ensemble des experts AEFS (Experts Africains en Sécurité Sanitaire des produits Alimentaires), association à but non lucratif que j’ai l’honneur de présider, sont prêts à apporter leur concours pour contribuer à la mise en place de solutions innovantes pour fluidifier les échanges commerciaux interafricains et, également, booster l’export agroalimentaire de nos pays vers de nouvelles destinations comme le marché US ou bien asiatique sur la base d’une expertise africaine robuste qui répond aux meilleures normes en vigueur de par le monde.

La leçon du COVID-19 pour le commerce africain

La crise tous azimuts générée par la maladie (ou la peur de l’attraper) au Covid-19, (SARS-CoV-2 ; Severe Acute Respiratory Syndrome Coronavirus 2), s’impose dorénavant partout, dans les discussions des professionnels de santé, des politiques, des économistes et du grand public quand ce dernier peut se réunir. Il est vrai que de telles réunions deviennent de plus en plus exceptionnelles dans beaucoup de pays de la planète pour cause de confinements décidés par les pouvoirs publics ou bien comme initiatives individuelles pour se protéger contre la progression du virus.

A l’instar des autres pays africains, le Maroc est également concerné.

Ceci dit, le recours au confinement pour lutter contre une contamination virale est une attitude récurrente. Alors que je travaillais (il y a une quarantaine d’années) comme Assistant à l’Institut de Pharmacologie Expérimentale de l’Université de Lausanne, un ancien praticien expérimenté, Dr Hans Salomon (Dieu ait son âme), nous rappelait chaque année à l’approche de l’hiver que « choper un rhume peut durer quelques jours si on se calfeutre chez-soi. Mais si on le bombarde de médicaments, il peut s’installer ».

Du reste, les signes avant-coureurs (premiers symptômes) du Covid-19 recoupent largement ceux d’un rhume habituel pour ce qui est des éternuements, maux de tête, de la fièvre, une toux etc. Il est donc difficile, à partir des signes à ce stade préliminaire, de décider sur la nature virale exacte de la maladie qui couve et, partant, la sévérité éventuelle de son impact sur la santé de la personne atteinte ou bien le degré de sa transmissibilité à d’autres personnes de l’entourage. Dans ces conditions, l’encouragement des autorités pour le confinement individuel/familial dérive du fait que c’est l’acte qui présente le meilleur rapport « Bénéfice/Risque » pour la lutte contre l’épidémie (pandémie). Car si, comme c’est fréquemment le cas, l’individu infecté (positif au test), mais en bonne santé, prend le dessus sur le virus, il sort du confinement immunisé ce qui est bon pour lui et pour la communauté. Mais dans le cas où, sur un petit nombre (famille confinée), l’une des personnes (fragile) chope le Covid-19 et développe des signes plus alarmants, il y a toujours la possibilité de la transporter dans un centre de soins appropriés (hôpital, clinique etc.).

Dans ce scénario de confinement à temps, l’avantage (si l’on peut dire) est que le risque de congestion des centres de soins est éloigné comme l’ont montré les observations en Chine où ce type de confinement a été mis en place suffisamment tôt. Le Maroc a d’ailleurs opté pour cette solution de confinement précoce.

A contrario, laisser le virus circuler sans restriction parmi la population (ou bien intervenir avec retard), en comptant sur une immunisation (hypothétique) massive et rapide des individus, produit inéluctablement un nombre élevé d’individus en détresse respiratoire dans un intervalle de temps réduit avec la conséquence inévitable de provoquer un engorgement des capacités d’accueil des centres de soins à l’exemple de ce qui s’est passé en Italie.

Ceci étant, la crise du Covid-19 a chamboulé le monde bien au-delà de l’aspect purement sanitaire de la pandémie en grippant, en particulier, les activités économiques et industrielles de bon nombre de pays affectés en touchant de manière sévère le transport et le tourisme.

Par exemple, pour les considérations qui tiennent aux confinements imposés par les autorités, ou bien comme choix individuels ou collectifs qui découlent de la peur du virus, les activités de logistique des pays européens affectés ont été partout désordonnées voire plombées. Par conséquent, les approvisionnements qui en dépendent ont été négativement impactés particulièrement pour ce qui concerne la distribution des produits agroalimentaires et de soins. Et ceci a été aggravé par le comportement de spéculateurs à l’affût pour profiter de ce type de circonstances et autres « achats de peur panique ». Le remède à ce type de perturbations tient au degré de coordination et de fermeté des organismes de gestion de la crise du pays affecté. Le cas du Maroc est intéressant en ce sens que l’approvisionnement en denrées alimentaires se poursuit pendant cette crise pour ainsi dire normalement et les exemples d’« achats de peur panique » ont été très isolés.

Dans notre région, le cas est suffisamment rare pour être souligné quand l’Europe parait s’en sortir actuellement moins bien que nous autres africains. Ainsi, le marché unique européen sur lequel Monsieur Michel Barnier, chef négociateur de l’UE sur le Brexit, pontifiait dans son interview de fin Février passé au Der Spiegel en déclarant : « Le marché unique est … l’atout commun le plus important des 27 États membres de l’UE … est la principale raison pour laquelle Donald Trump nous respecte. », a largement montré ses limites ces derniers temps.

En somme, l’atout d’hier (marché unique) s’est transformé en obstacle à la gestion UE de cette crise. La règle appliquée aujourd’hui en Europe semble être celle de « chaque pays pour soi ».

Or, selon les informations accessibles, le marché commun a été conçu et mis en œuvre d’abord pour rendre les pays européens complémentaires les uns des autres pour ce qui est de la fabrication et circulation des marchandises. Mais, comme l’a montré cette crise sanitaire, chaque pays voudrait garder le matériel de soins pour lui-même et ses propres citoyens d’abord ce qui a mis à nu le slogan UE qui promeut le concept d’un citoyen européen avec les mêmes droits et devoirs dans quelque pays européen qu’il soit. Bien sûr, dans une période de contrainte exceptionnelle, comme c’est le cas de cette crise du Covid-19, les réactions des gens peuvent être en deçà des attentes. Mais, les responsables sont en principe choisis pour répondre rapidement et bien dans ces circonstances.

Sous ce rapport, c’est nous au Maroc et ailleurs en Afrique, qui donnons à présent aux européens l’exemple de réponses mesurées et d’absence de panique sur les achats de papiers hygiéniques et autres. C’est notre manière en tant qu’africains de rendre la courtoisie à nos voisins du nord de la méditerranée de nous avoir colonisés pendant des siècles pour « nous civiliser ».

Comme corollaire, en interrompant momentanément les déplacements inter-pays, cette crise nous met en Afrique à l’épreuve de trouver des solutions à la crise par nous-mêmes. Au Maroc, et je suppose ailleurs en Afrique également, nos autorités viennent de montrer clairement qu’ils n’ont plus besoin de tuteur pour gérer une crise qui les frappent, même une pandémie,  et en sortir probablement plus sereins.

Cet esprit de travail solidaire et de discipline qui caractérise nos pays africains pendant cette crise du Covid-19 doit désormais être appliqué aux autres secteurs industriels et de commerce africains pour montrer que l’Afrique possède tous les atouts pour se prendre en charge complètement et choisir dorénavant uniquement les mieux-disants pour faire des affaires avec.

Cela ne devrait pas tarder.